À la barre du tribunal de Pikine-Guédiawaye, M. D. S., 32 ans, mareyeuse domiciliée à Pikine, comparaissait pour escroquerie, usurpation de fonction et trafic d’influence. Déjà condamnée pour abus de confiance, elle a cette fois poussé l’audace jusqu’à se faire passer pour une gendarme de la Section de Recherches (SR) de Colobane, dans le seul but d’extorquer de l’argent à une mère de famille désemparée.
L'affaire, relate L'OBS, a commencé le 4 novembre 2025, dans les locaux de la SR de Colobane. Ndèye Ndiaye, une lingère domiciliée à Guédiawaye, s’y rend pour voir son fils Cheikh, arrêté pour viol sur une femme mariée. Désemparée, elle s’isole dans un coin, en larmes et toussote. C’est là qu’intervient Mame Diarra Sow, venue, plus tard, selon ses dires, «recouvrer une dette». La mareyeuse l’aborde, compatissante : «Que se passe-t-il ?» La mère raconte alors le drame de son fils, accusé par une femme d’avoir abusé d’elle dans un appartement meublé. La fausse enquêtrice saisit aussitôt l’occasion : elle prétend connaître des avocats et «le procureur du tribunal de Pikine». Elle promet d’intercéder en faveur du jeune homme et de «régler l’affaire».
&format=jpeg)
Les deux femmes échangent leurs numéros. Dès le lendemain, Mame Diarra reprend contact et fixe rendez-vous à la mère devant le tribunal de Pikine-Guédiawaye, où le dossier doit être transmis au parquet. Sur place, elle pousse la supercherie encore plus loin : habillée sobrement, elle fait semblant de passer des coups de fil, entre et sort des bureaux, feint des conversations avec le procureur et laisse entendre qu’un «retour de parquet» est en préparation. Elle réclame d’abord 200 000 FCfa, avant d’accepter 150 000 FCfa pour, dit-elle, «couvrir les frais d’avocat et du procureur». Faute de moyens, Ndèye Ndiaye parvient à réunir 50 000 FCfa, qu’elle lui remet par l’intermédiaire de sa sœur Anta, sous le regard du frère cadet, Sangue.
Mais, la manœuvre n’échappe pas à l’œil vigilant du parquet. L’adjoint du procureur, intrigué par cette habituée du tribunal, déambulant dans les bureaux avec assurance, décide de vérifier ses va et vient. En parallèle, Ndèye Ndiaye, ne voyant pas revenir celle qu’elle croyait être une gendarme, commence à s’inquiéter. Elle monte à son tour au premier étage pour la chercher et finit par raconter son histoire à un garde pénitentiaire, qui l’amène directement au bureau de l'adjoint au procureur. En quelques minutes, la vérité éclate : Mame Diarra Sow n’a aucun lien avec la gendarmerie ni la justice.
&format=jpeg)
Sur instruction du procureur Saliou Dicko, elle est immédiatement arrêtée dans l’enceinte du tribunal. Interrogée par le juge, la prévenue nie s’être présentée comme gendarme. «Je n’ai jamais dit que je travaillais à la SR. J’ai juste voulu aider une femme en détresse», plaide-t-elle. Elle reconnaît cependant avoir reçu les 50 000 FCFA et avoir promis de parler à un avocat, Me Iba Mar Diop, qu’elle cite comme contact. Dans un réquisitoire ferme, le ministère public a dénoncé un comportement «d’une rare perversité». Après en avoir délibéré, le tribunal a déclaré Mame Diarra Sow coupable de tous les chefs de prévention et l’a condamnée à un an de prison, dont six mois ferme, assortis d’une amende de 200 000 FCFA.


)
&format=jpeg)
&format=jpeg)
&format=jpeg)