Le manque d'opportunités d'emplois décents est un facteur important de la migration et de la fuite des cerveaux, et l'inclusion limitée de la gouvernance du marché du travail suscite l’insatisfaction des jeunes et des femmes sur le marché du travail. La réintégration sur le marché du travail est l'un des facteurs clés d'une réintégration réussie.
L'accès à des activités génératrices de revenus et à des emplois décents permet aux migrants de retour de subvenir à leurs besoins et à ceux des personnes à leur charge. Les raisons économiques d'émigrer et même d'emprunter des itinéraires dangereux pour rechercher une vie meilleure sont ainsi réduites.
C’est d’ailleurs ce qui ressorte particulièrement de l’étude menée par le CRES pour situer les dynamiques sociales et professionnels de ces compatriotes qui ont décidé de prendre le chemin de retour. Dans cette dite étude, il est noté que « ces migrants parviennent à s’insérer professionnellement » mieux que les non migrants.
« Nos résultats ont montré que les migrants de retour ont 50% plus de chance de s’insérer que les non migrants et qu’après avoir identifié leur motif de retour on a vu que le motif principal c’est de changer de pays, 11% déclarent qu’ils ont été ramenés de forces au pays. Ce sont des migrants qui ont des statuts d’irrégularité et qui n’arrivent pas à s’insérer mais ils ont plus de chance », a fait savoir Soukeyna Diallo, chercheure au Consortium pour la Recherche Economique et Sociale. Coauteure de cette recherche intitulée la migration de retour et l’insertion professionnelle au Sénégal, elle avance « que ceux qui partent le plus sont ceux qui sont dans le secteur de l’agriculture ».
Ces personnes de retour peuvent néanmoins jouer un rôle important de transfert de qualifications et de compétences vers les pays d’origine, en ce qu’ils reviennent avec des aptitudes, une expérience et des capacités d’entrepreneuriat à même d’aider les pays à mieux se reconstruire. Dans les zones de retour, la fourniture d’un soutien opérationnel basé sur des opportunités génératrices de revenus aussi bien pour les travailleurs de retour que pour les communautés restées sur place pourrait contribuer au processus global de réinsertion.
« On a remarqué que dès qu’ils partent, ils changent de secteur d’activités. Ce qui signifie qu’ils partent pour gagner de l’argent et venir investir. Certains ont peur de revenir pour ne pas trouver quelque chose de mieux », a indiqué Soukeyna Diallo.
Dans certains cas, les travailleurs migrants de retour reviennent dans des pays souffrant déjà d’un taux de chômage élevé et d’une situation économique problématique. La pression exercée sur les marchés du travail dans les zones de retour est à même d’accroître la concurrence avec les travailleurs résidents et d’aviver les tensions entre communautés. Si l’accès à l’emploi et aux moyens de subsistance est inexistant sur le lieu du retour, les travailleurs concernés ont tendance à migrer vers les zones urbaines en quête d’opportunités d’emploi.