Kaïs Saïed, le Président de Tunisie, a fustigé, mardi dernier, lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, les « hordes de migrants clandestins » venus d’Afrique subsaharienne qui veulent, selon lui, « changer la composition démographique de la Tunisie ».
Dans son discours, le président a également associé les migrants au crime et à la délinquance. Et ses propos offusquent le monde entier. Des chefs d’Etat africains ont réagi à cette déclaration raciste. L’ambassade de Côte d’Ivoire à Tunis a décidé de prendre les devants, en demandant à ses ressortissants voulant quitter définitivement la Tunisie de se faire enregistrer au niveau de l’ambassade.
C’est le cas aussi des instances diplomatiques du Cameroun, du Burkina Faso. En attendant les chefs d’Etat africains, les réactions outrées des sociétés civiles et organisations de défense des droits de l’Homme se suivent. Sur la question, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur a enfin réagi à la situation des Sénégalais vivant en Tunisie.
Les services de Aïssata Tall Sall disent "suivre de près" la situation qui prévaut en Tunisie, relativement aux migrants d'origine subsaharienne. Dans un communiqué ce dimanche, le ministère rappelle, à cet égard, "l'attachement particulier" du Sénégal à la sécurité et à la sûreté des communautés sénégalaises partout où elles résident et en toute circonstance.
En conséquence, Madame l'Ambassadeur du Sénégal en Tunisie a été instruite de mettre en place une Cellule de crise pour assurer la protection de nos ressortissants et de leurs biens. Des numéros verts ont été mis en service à cet effet. L'Ambassade dit rester également en contact à cet effet avec les responsables des Associations sénégalaises en Tunisie. Le ministère appelle les compatriotes établis dans ce pays au "calme et à la sérénité".
Les autorités ont annoncé qu'au moins 138 migrants clandestins avaient été arrêtés ou interceptés en mer dans la nuit de mardi à mercredi. Selon des chiffres officiels cités par le FTDES, la Tunisie, un pays de quelque 12 millions d'habitants, compte plus de 21.000 Africains subsahariens, en majorité en situation irrégulière.
La plupart de ces migrants arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d'immigrer clandestinement vers l'Europe par la mer, certaines portions de littoral tunisien se trouvant à moins de 150 kilomètres de l'île italienne de Lampedusa.
Selon des chiffres officiels italiens, plus de 32.000 migrants, dont 18.000 Tunisiens, sont arrivés clandestinement en Italie en provenance de Tunisie en 2022.
Le discours de Kaïs Saïed, qui concentre tous les pouvoirs après avoir suspendu en juillet 2021 le Parlement et limogé le gouvernement, survient alors que le pays traverse une grave crise économique marquée par des pénuries récurrentes de produits de base, sur fond de tensions politiques.
Des ONG dénoncent un discours "raciste et haineux" du président tunisien Kaïs Saïed, au lendemain de sa violente charge contre les migrants africains subsahariens, qu'il a présentés comme une menace démographique pour son pays.