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Vigiles de nuit à Dakar : entre dangers constants et maltraitance silencieuse (reportage)

Vigile de nuit
Vigile de nuit

Assis à côté d'une petite cabine, Alpha, la vingtaine, prépare soigneusement son thé, un rituel qui l'aide à rester éveillé durant les longues heures nocturnes. Tenu en compagnie par son ami Moussa, tous deux originaires de Kolda et installé confortablement mais toujours attentif, il surveille les allées et venues tout en profitant de son thé.

Il assure la sécurité d’une institution financière sise à Ouest foire à proximité de l’autoroute Seydina-Limamoulaye menant à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor. S’il trouve son activité passionnante, il signale également les dangers : « Il y a trop de risques et c'est très difficile. Pendant que la nuit est calme et que tout le monde dort, le vigile reste exposé à toutes sortes de dangers. De plus, nous travaillons de 19h à 7h du matin, puis un autre vigile prend le relais. »

À ses côtés, une radio grésille doucement, prête à capter la moindre information importante, un outil essentiel pour maintenir sa vigilance. Alpha ne manque pas de dénoncer le traitement salarial auquel il doit faire face : « Les salaires varient entre 60 000 et 65 000 FCFA. Nous sommes employés sans contrat, car c’est la décision de la société de ne pas signer pour ces travailleurs. Il faut accepter ou partir. Pour percevoir nos salaires, la société effectue des transferts via les services de mobile-money (Wave ou Orange Money). Il arrive que nous recevions nos salaires jusqu’au 15 du mois. Nous n’avons pas le choix, car nous n’avons rien de mieux. »

Les vigiles travaillent sans outils de sécurité !

A la Cité Djily Mbaye, une atmosphère où le calme est si profond qu'il semble envelopper tout le quartier. Le seul son perceptible est celui des vagues provenant de la mer. Une brise légère qui rafraîchit l'air, rendant l'atmosphère agréable et revigorante.

La présence rassurante de vigiles qui patrouillent silencieusement, veillant sur la tranquillité du quartier. Quelques âmes peuvent être aperçues à cette heure de la soirée dans cette zone de la commune de Yoff. Assis sur une chaise, Cissokho, la cinquantaine révolue veille au grain.

Résidant à Grand Yoff, le gardien de maison est originaire de la région de Matam. Il ne voit pas trop de difficultés dans son métier. Seulement, il révèle que les salaires ne sont pas bons : « la société qui m’emploie me paie 60 000 FCFA. Toutefois, il faut reconnaître que certains d’entre nous perçoivent jusqu’à 70 000 FCFA ». Le sieur Cissokho a une autre difficulté liée à la sécurité d’un vigile. « Nous travaillons sans arme. La matraque que j'ai provient de mon neveu, qui est également vigile dans une autre société. Nous sommes donc contraints de protéger des maisons de grande valeur sans aucun outil de protection », raconte-t-il avec un léger sourire.

« 75 000 FCFA mensuel sans jour de repos (7j/7) ! »

De rares murmures de voix lointaines, parfois audibles, qui ne font qu'ajouter à la sensation de tranquillité. Des lampadaires qui projettent une lumière douce, suffisante pour éclairer sans perturber la quiétude. A quelques encablures, I. Sow, la trentaine, originaire du Djolof, drapé dans son uniforme sombre, le vigile se tient droit et attentif, ses yeux scrutent continuellement les alentours. Assis devant la maison qu’il garde, il se dit être très heureux dans son travail.

Son visage, marqué par une expression sérieuse, reflète la responsabilité de sa mission : garantir la sécurité de tous les résidents. Sourire et visage illuminé, le jeune homme de teint clair ne voit pas une très grande difficulté à garder des domiciles. Il fait savoir qu’il a été recruté par une société de placement de vigile établie à la société Djiby Mbaye.

Seulement, la question du salaire lui fait changer de discours : « Il est vrai que ce que nous gagnons n'est pas très élevé. Les salaires varient. Nous sommes payés 65 000 FCFA par mois pour travailler 6 jours sur 7. On peut gagner 75 000 FCFA sans jour de repos, c'est-à-dire en travaillant 7 jours sur 7. Pour ma part, j'ai rapidement informé mon patron que je ne pouvais pas travailler tous les jours de la semaine, ce qui explique pourquoi je touche ce montant. » Dans ses interactions, il allie courtoisie et fermeté, assurant le respect des règles sans compromettre la convivialité du quartier.

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