Dans la nuit du 08 mars dernier au village de Hamdoulah (commune de Diourbel), alors qu'il dormait à poings fermés après une journée de dur labeur dans ses champs avec ses deux épouses et ses cinq enfants, Cheikh Faye est réveillé par un bruit sourd provenant de son enclos où il gardait ses troupeaux de vaches, de moutons et son cheval. Mais lorsqu'il part voir ce qui se passe, il constate qu'on venait de lui voler son cheval.
Immédiatement, le père de famille alerte ses voisins et ses amis habitant les villages environnants. En un temps record, les recherches entreprises portent leurs fruits puisque le voleur est arrêté derrière l'usine de la Sonacos avec le cheval. Mais Pape Ba, entouré par une foule furieuse, grimpe sur un baobab pour échapper au lynchage.
Mais c'était sans compter avec la détermination des villageois qui voulaient lui infliger une sévère correction. C'est ainsi que des gens parmi les assaillants ont réussi à couper la grosse branche sur laquelle le voleur s'était agrippé. Et dès qu'il a chuté violemment avec la branche, Pape Ba est lynché jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Près de son cadavre, la police, alertée par Cheikh Faye, découvre des gourdins et des coupe-coupe entachés du sang du voleur. Après constat du décès, les éléments de la trentedeuxième compagnie d'incendie et de secours de Diourbel ont transporté le corps sans vie à l’hôpital régional Heinrich Lubke.
Dans la foulée, Cheikh Faye est arrêté et placé en garde à vue. Inculpé pour coups mortels, il a été placé sous mandat de dépôt. Pourtant devant la barre, hier, il a nié toute implication dans la mort de son voleur. Au contraire, Cheikh Faye a déclaré avoir usé de tous les moyens pour empêcher le lynchage qui a coûté la vie à Pape Ba. "Lorsque je suis arrivé sur place, j'ai vu des gens couper la branche de l'arbre sur lequel le voleur s'était perché pour échapper à la foule. Mais quand la branche a été coupée, il est tombé de l'arbre avant d'atterrir au beau milieu de la foule en colère. C'est là qu'il a été lynché à mort. J'ai tenté de dissuader les gens de ne pas le tuer mais en vain. En vérité, je n'ai rien pu faire. Et lorsque j'ai constaté que le voleur était mort, j'ai moi-même appelé la police et les sapeurs-pompiers. Je jure ici sur ce que j'ai de plus cher qu'il m'est impossible d’identifier les gens qui ont battu à mort le voleur. Et si c'était le cas, je n'allais pas compromettre ma liberté et être jeté en prison, loin de ma femme et mes enfants. Tout ce que je regrette au plus profond de moi, c'est qu'à cause d'un vol dont j'ai été victime, une personne a perdu la vie», a-t-il expliqué.
Le procureur s’est rapporté à la clairvoyance du tribunal. Rendant son verdict, le tribunal correctionnel de Diourbel a relaxé Cheikh Faye au bénéfice du doute.