Tout est problématique. Sakal a été moins mortel que Sikilo mais cet accident nous met devant nos propres contradictions. Mobiliser toute la République, prendre autant d’engagements, organiser un Conseil interministériel avec de fortes résolutions et se retrouver moins d’une semaine devant la même situation, est simplement une équation très difficile à résoudre. C’est d’autant plus cruel, que les transporteurs comptent entamer une grève qui risque encore de faire beaucoup de mal en plongeant dans un tourbillon de difficultés des citoyens sans moyens, gravement atteints par la crise.
42 morts, 20 morts, précédés par d’autres drames, ça fait froid au dos. Nous traversons un moment de gravité extrême. Et nos autorités n’ont manifestement pas encore mesuré la complexité du moment. Il y a certes des engagements, des mesures exhibées, des promesses fermes mais rien d’original. Les mêmes attitudes face aux mêmes bêtises. Il est écrit que les mêmes causes provoquent les mêmes effets. On a presque oublié nos douleurs quotidiennes, les hausses de toutes sortes, le rapport de la Cour des comptes, le mal-vivre, l’insécurité galopante, les difficultés dans le monde rural, les sombres perspectives.
La succession des affaires, des morts, des "dossiers brûlants" ne banalise-t-elle pas tout à la longue ? N'inhibe-t-elle pas notre humanité et notre capacité d'indignation ? Et quand on ne sait pas qu'on est en danger, c’est là où on est en danger. Nous empruntons la phrase de Rigobert Song. Nous sommes en danger.