FIDAK 2023 : Zoom sur ces Sénégalais à la fois commerciaux et interprètes (Reportage)

Placée sous le slogan « La FIDAK : un outil d’intégration », la Foire internationale de Dakar est devenue une véritable aubaine pour plusieurs jeunes sénégalais. Ces derniers monnaient leur talent linguistique et commercial au service des exposants internationaux.

FOIRE-DE-DAKAR

« Madame, venez voir les vêtements de bébé. Venez voir, ils sont de bonne qualité et à un bon prix », lance Yvonne Diouf. Arrêtée au milieu du stand, coiffée d’un chapeau gris laissant apparaître ses longues tresses, habillée en robe noire et d’une chemise en mode survêtement, Yvonne a sa propre manière d’attirer les plus curieux.

La jeune demoiselle, dans la vingtaine, assiste des Pakistanais dans la vente de leurs articles de bambins. Ils sont venus prendre part à la Foire internationale de Dakar qui va se tenir du 7 au 31 décembre 2023. Interprète et commerciale, elle en est à sa première expérience dans le pavillon qui abrite les stands des internationaux.

Comme elle, beaucoup de gens de tous les âges travaillent dans l’interprétariat pour aider les étrangers à mieux communiquer avec les Sénégalais. « C'est ma première expérience en tant que traductrice dans ce secteur (commercial : NDLR). Concernant l’interaction avec les clients, ça se passe bien. Les Pakistanais parlent anglais et moi je traduis pour eux. Je fais juste l'interprète, mais il arrive que je marchande également avec les clients. Si on ne tombe pas d’accord sur un prix, je fais alors appel aux Pakistanais pour voir si on peut baisser le prix ou pas », a-t-elle laissé entendre.

Sur cette même allée, une autre fille se distingue également dans ce travail de commerciale. Du fait de ses origines maliennes, Fatou Kiné Ndiaye qui est née et a grandi au Sénégal aide une de ses tatas qui vend des tissus, du beurre de karité et d’autres produits importés du Mali. Assise sur chaise à l’entrée du stand pour superviser le travail de l’extérieur.

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Elle fait savoir également qu’elle vend aussi : « Je ne suis pas qu’une simple traductrice. Je connais bien le marché, donc on m’a donné l’occasion de vendre puisque je parle Wolof ». L’étudiante en troisième année au département espagnol de l’UCAD indique toutefois qu’elle n’a pas un Bambara aussi parfait, mais elle échange avec sa patronne en français.

Non loin de la colonie ouest-africaine entre Burkinabè et Maliens se trouve le cercle des Maghrébins. Un groupe de jeunes sénégalais entoure un stand tunisien de vente de parfumerie. Chacun essaie de convaincre les potentiels clients de venir voir ou acheter leurs produits. À la tête de ce groupe de vente, Yakhoub Sow en mode dreadlocks de taille petite vend et supervise les autres commerciaux composés essentiellement de filles.

« Nous travaillons avec l’entreprise tunisienne de parfumerie Caribbean. Il faut dire que la société est présente au Sénégal depuis quelques années. Nous la représentons à la Foire. Nous connaissons mieux le marché et la communication est plus fluide. Nous ne nous limitons pas qu’à la parfumerie, il y a des produits de soin de visage et de lait de corps. Les tunisiens font la navette entre la Tunisie et le Sénégal pour acheminer les conteneurs et nous Sénégalais gérons la vente », a fait savoir le jeune Sow, la trentaine révolue.

  • L'histoire de cette interprète sénégalaise née et grandi en Égypte

À quelques pas du stand des Tunisiens, la présence massive d’Égyptien est très remarquable. L’assistance d’une jeune dame rend encore intéressant. Khadija Alassane Ndiaye a tout d’une Sénégalaise. De teint clair, la dame est plus égyptienne que sénégalaise avec un wolof sur un accent purement arabe.

Ça peut paraître bizarre pour certains, mais il y a une explication derrière : « Je suis née et j’ai grandi en Égypte. J’y ai fait toutes mes études et j’y ai vécu près de 30 ans sans fouler le sol sénégalais. Je ne m’exprime pas bien ni en français ni en Wolof. Je parle plus anglais et arabe. Mon père travaille dans la diplomatie sénégalaise et s’est installé en Égypte il y a de cela plus de 35 ans. Je voulais poursuivre mes études au Sénégal et découvrir en même temps le pays de mes parents, mais on m’a fait savoir que je suis âgée donc je me suis rabattue sur le business ».

La Sénégalo-Égyptienne dit être installée au Sénégal depuis un moment pour exercer une activité commerciale. Profitant, sans doute, du plus grand rendez-vous d’échange économique, du pays de son père. Elle indique se perdre par moment en essayant d’échanger avec les Sénégalais. « Je travaille avec un Égyptien du nom de Fathi Samir, il exporte des marchandises de l’Égypte que revendons ici à Dakar. Je profite également de la Foire pour soutenir les Égyptiens parce qu’ils ne comprennent pas ni le wolof ni le français. Je suis en train de travailler avec Walid. Il arrive que je me perde quand les clients parlent vite le wolof. Je préfère qu’ils parlent lentement. Il y a une Sénégalaise, Hawa, qui parle français et wolof. Elle nous soutient également, mais actuellement elle est sortie pour régler une affaire », avance-t-elle en tout sourire avec une grande fierté.

Dans ce paysage commercial égyptien, tout oppose Khadija Ndiaye à Abdou Aziz Diop résidant à Grand Médine et menuisier de son état. Le sieur Diop, la quarantaine révolue, travaille avec les Égyptiens. Il offre un service de prestation dans la menuiserie. En effet, ses employeurs sont dans la vente de meubles de salon et de chambre. Toutefois, il ne se limite pas à la réparation ou l’aspect technique de son métier.

« Je suis là en qualité de réparateur en cas de soucis avec les meubles. Il arrive aussi que je vende aux clients qui ne parlent que wolof. Si le client ne parle que français, nous avons un doyen, Youssou qui parle aussi bien l’anglais que le français. Depuis plus de 26 ans, il travaille avec les Égyptiens. D’ailleurs, c’est lui-même qui m’a mis en contact avec eux. Les Égyptiens parlent aussi le français », a-t-il fait savoir.

Comme tous ses Sénégalais qui monnaient leur talent linguistique à la foire internationale de Dakar, Kiné Ndiaye, venue de Guédiawaye, travaille avec une jeune dame ghanéenne. Le link, à l’en croire, a été créé par sa sœur qui travaille pour des Burkinabés. Fraîchement bachelière et orientée au département Physique-chimie de l’UCAD, elle s’active dans ce métier de traducteur et de commercial en attendant le début des cours à l’Université encore fermée aux étudiants.

« Je travaille avec une Ghanéenne et c’est une première pour moi. C’est ma grande sœur travaillant déjà pour des Burkinabés qui m’a mis en rapport avec la jeune dame. Je viens juste d’obtenir mon bac, mais je me débrouille pas mal en anglais. Donc je l’aide dans l’interprétariat puisqu’elle ne parle aucune langue nationale. La plupart du temps, j’aborde les clients et je discute avec eux. Ces derniers s’expriment plus en wolof ou en français. C’est moi qui vends et qui encaisse l’argent et le soir, elle me paie mon argent. Certains clients paient avec les plateformes électroniques, je rentre avec et je retire l’argent et je reverse la somme. Si je n’arrive pas à m’accorder sur le prix, elle intervient et moi je m’occupe de la transaction ».

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