Le Cinéma Sénégalais : Hier et Aujourd'hui

Depuis le milieu du 20e siècle, le cinéma sénégalais s'illustre à travers ses productions.

Linguère Ramatou dans ''Hyenes'' de Djibril Diop Mambety

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Une de ses caractéristiques se situe au niveau de " l'engagement". De nos jours, où est cet héritage des pionniers du cinéma sénégalais ? Nous répondons à cette question dans les lignes qui suivent.

Bien sûr, toute production est fille de son époque, cela peut être un argument. Cette production des années 50-60-70 répondait aux besoins d'une époque. Nous sortions des indépendances et il fallait dégager une certaine identité africaine. Par contre, il faut noter que les thèmes et l'engagement ne sont pas figés. Nous pouvons les adapter à l'époque. L'exemple achevé dans ce sillage reste les productions de Mambety et de Sembene. Il faut juste faire la comparaison entre 《la noire de...》 et Faat Kiné. Il y a environ 40 années entre les films mais nous percevons la même idée au fond.

Aujourd'hui, malheureusement, cet engagement envers la cause africaine ou ce soutien envers les masses défavorisées semblent se perdre dans une certaine esthétique ésotérique, perceptible que par un noyau très limité d'initiés qui se retrouvent dans les Festivals. Nous sommes loin de cette idée de Sembene qui définissait le cinéma comme une Ecole du soir. Malheureusement, la nouvelle génération de cinéastes et d'acteurs du cinéma semble oublier le rôle fondamental que le cinéma peut jouer. Dans ce sillage, je vous livre ces mots de Sembene :

Le cinéma africain doit avoir une pédagogie, être une école du soir, ce dont le cinéma occidental peut peut-être se dispenser. Ce qui m’intéresse est de trouver le langage qui me permettra de toucher le paysan du Limpopo quand je suis sur les rives du fleuve Sénégal. 》

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S'agissant d'ésotérisme, je prends l'exemple de deux cinéastes de la nouvelle génération : Alain Gomis et Mati Diop. Personnellement, je sens cette forme d'engagement "sembenesque" chez Alain Gomis. Son film 《 l'Afrance 》 produit au début des années 2000 en est sans doute l'exemple achevé. D'ailleurs ce film entretient d'étroites ressemblances avec le premier roman de Sembene le docker noir. Toutefois, depuis lors, les films d'Alain versent dans un certain ésotérisme comme Mati Diop avec 《 Atlantique 》 . Pour le profane, il est difficile de se retrouver dans le film. Tout le contraire des films des années 60 aux années 90. Cela peut être compréhensible aussi dans une certaine mesure. Une production reflète toujours la trajectoire de l'auteur. La trajectoire de Sembene et de Mambety est différente de celle d'Alain Gomis. Quand nous regardons les films de Mambety, nous sentons Colobane, les rhapsodies. Idem chez Sembene qui relate sa vie dans ses œuvres.

Certes la nouvelle génération gagne des prix dans les plus grands festivals mais il faut penser à cette 《Ecole du soir》 que prônait Sembène. L'Occident a ses réalités, nous avons les nôtres. Nous ne pouvons pas avoir la même lecture de la chose. Ils peuvent en faire un luxe, ici en Afrique, la realité est autre. Il y a des peuples à conscientiser sur la base de l'engagement.

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