Malgré ses études en Droits des Affaires et Fiscalité, Meissa a suivi son talent et son amour pour les mots en tant que poète et écrivain. Champion du Sénégal de slam, il est membre de la Maison de l’oralité et du Patrimoine Kër Leyti du Dr Massamba Guèye. Il officie également comme présentateur d'émission à la 2sTv.
Meissa Mara s'est aussi lancé dans la musique mais sous une forme très particulière. Avec de belles paroles rythmées du slam, il a abordé plusieurs thèmes d' amour à travers ses chansons "Wurus", "Jex ci yaw".
Ce jeune sénégalais fait des merveilles avec la langue locale le "wolof". D'ailleurs, son premier recueil "Toortoor" a été écrit intégralement en langue wolof. Il faut écouter ses prestations et ses poèmes en slam pour tomber sous le charme de cette langue nationale.
Dans cet entretien qu'il nous a accordé, l'artiste revient sur son parcours et lance un message important à la jeunesse et aux hommes politiques du Sénégal.
1- Qui est Meissa Mara ?
Je suis Meissa Mara, artiste de la parole, écrivain et auteur d'un recueil de poème écrit intégralement en langue wolof, Toortoor.
J'ai fait tout mon cursus scolaire moyen et secondaire au Lycée Alboury Ndiaye de Linguère. Ville où j’ai passé toute mon enfance.
Après l'obtention de mon baccalauréat, j'ai intégré une université privée d’enseignement supérieur, à l’occurrence ENSUP Afrique. J’y ai suivi des études en Droit des Affaires et Fiscalité. Un domaine qui m’a toujours passionné. Le affaires et moi, c’était toujours une belle histoire d’amour. En effet, j’étais même serveur et puis gérant d'un Hôtel Familial à Linguère, bien avant l’obtention du baccalauréat.
Il est également nécessaire de signaler que c’est également à ENSUP Afrique où j'ai débuté ma carrière artistique avec Monsieur Sarr (que je remercie au passage), Coach en Développement Personnel. Très tôt, il m’a notifié le talent que j’avais avec les mots. C’est suite à cela que j’ai intégré son club d'Art Oratoire et de Comédie Musicale où nous avons eu à présenter des spectacles dans de grandes salles comme le Grand Théâtre.
Mais qui côtoie la parole devient fanatique de ses préceptes. C’est ainsi que je me suis orienté vers la Communication après ma Licence. Je suis un Master Communication Générale à l'Institut Supérieur de la Science de l'Information et de la Communication.
Ce choix était plutôt motivé par le fait que l’essentiel de mes activités quotidiennes sont orientées vers l'oralité et l’échange.
Avec ces différentes compétences, j’ai eu à être présentateur d'émission dans la période de 2017 à 2019. ENSUP Media TV, Bantamba TV et aujourd’hui à la 2STV, je me suis frayé quelques chemins, on dirait. C’est pour vous dire que mes choix professionnels ont vraiment été toujours guidés par une ligne conductrice avec la volonté d’atteindre des objectifs clairs.
Aujourd'hui, je peux me décrire comme Parolier, Traducteur & Interprète (Français-wolof), Présentateur de Télévision et Libraire avec mon entreprise « Diwaanu Seex Anta Diop ».
2- D’où vous est venu votre amour pour l’écriture, la poésie et la maitrise de la langue wolof ?
L'amour d'écrire ou l’amour des lettres et moi, c’est l’histoire d'un long chemin.
La découverte et la lecture du livre Menon de Platon est vraiment le déclic. Avec ce livre, j'ai commencé à mémoriser des citations qui parlaient souvent de philosophie, de sophisme... et à un moment donné je me suis dit pourquoi pas écrire moi aussi. Penser, j’en étais déjà capable et mon environnement a été un bon sujet de cobaye. La profonde solitude où je vivais m’a donné énormément de temps pour penser et transcrire mes songes et histoires.
Après, je suis tombé sur une vidéo de Seydou Abtcha sur les proverbes. Cette vidéo, je lui ai piqué. Je me suis inspiré d’elle pour faire ma première prestation artistique lors d'un événement du Clap du Lycée Alboury Ndiaye de Linguére.
Ces deux faits marquants ont vraiment été les éléments déclencheurs dans ce que j’appelle l’éveil vers la nécessité d'écrire pour me libérer et éveiller la conscience humaine.
3- Pourquoi le choix de la langue Ouolof ?
Ce n’est pas un choix difficile à comprendre. J'ai grandi dans un environnement où l'on ne parlait que le Wolof et quelques temps après l'obtention de mon baccalauréat j'ai découvert le livre de Cheikh Anta Diop Nation Nègre et Culture qui m'a permis de comprendre l'importance de valoriser nos langues nationales.
Après ça je me suis procuré beaucoup de livres écrits en wolof et eu à suivre beaucoup de personnalité dans le monde de culture qui milite pour la valorisation des langues nationales. Boubacar Boris Diop, Cheikh Alioune Ndao, Sokhna Aram Fall, Massamba GUÈYE... et tant d’autres ont été plus grandes lumières.
Aujourd'hui, je me sens plus proche de mon Créateur quand j'écris que quand je prie. Ecrire et parler en Wolof sont devenus une forme de thérapie qui me permet de communiquer avec mon fort intérieur.
4- Champion au concours de slam, quelle définition donneriez-vous à ce genre de poésie ?
Pour moi le Slam c'est la belle parole rythmée, souvent rimée et limé qui fait qu'il ait une musicalité à travers les mots et qui touchent, impactent et fait effet dans la société.
Slamer, c’est également se sentir détacher de toutes les contraintes et difficultés. C’est la Liberté !
5- Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la musique et surtout dans ce style de musique ?
Pour mieux faire passer mon message et touché le maximum de personnes possible tout en sachant que la finalité n'est pas de faire du Buzz mais d'arriver à pousser les gens à la réflexion. Surtout, celle sur notre quotidien qui semble de plus en plus se mouvoir dans la voie de la démence des personnalités et de l’humanisme.
6- Comment trouvez-vous la jeunesse de ce pays avec la perte des valeurs déplorée chez la jeune génération ?
Moi, personnellement, je trouve qu'au Sénégal nous avons une jeunesse qui incarne l'avenir et l'espoir, une jeunesse engagée et travailleuse. Une jeunesse qui se soucie du bien-être commun. La vérité est également que nous avons une jeunesse en réelle perdition. Celle qui se veut de méconnaitre valeurs et l’esprit du vivre ensemble. Mais réalité est de constater aussi qu’une frange de cette jeunesse entend trop perte des valeurs mais ne savent pas ce que c’est, car n’ayant aucune éducation sur ça. Ce qui me pousse à ne pas diaboliser ou critiquer, je veux équilibrer et croire qu’il faut que cette jeunesse se tienne la main et s’entraide.
7- Pensez-vous qu’un retour aux sources est nécessaire ?
Je ne dirai pas un retour aux sources mais faire recours aux sources est plus raisonnable dans la faisabilité. Il nous faut ce cadre pour toujours nous rappeler les valeurs cardinales africaines, faire connaître les Héros Africains à la jeune génération pour leur faire savoir que nous ne manquons pas de références.
8- Quels sont vos projets artistiques, professionnels ?
Mes projets sont en cuisine et ils seront servis à la table des plus gourmands (rire). Nous sommes en train de travailler sur énormément de projets, surtout avec mon équipe, Kaddug Njarin. Petit à petit, le public aura un aperçu plus clair. Ça mijote !
9- Un mot sur la politique de ce pays avec la violence notée dernièrement
Je pense que nous n’avons pas un problème de politique mais un problème d'éducation, un problème conduite sociale. Aujourd’hui, c’est ce que je disais, nous n'avons pas encore totalement assimilé la notion du vivre ensemble. Il est important que politique et citoyens aient des objectifs personnellement désintéressés. Le Sénégal n’a pas seulement besoin de finances et de savoir pour se développer mais d'hommes intègres capable de se sacrifier pour le bien-être de tous. Nous avons trouvé ce pays ici en naissant et nous le laisserons ici en partant. Il est donc plus que nécessaire de se doter de belles pratiques citoyennes et l’appropriation du bien. La violence n’est que Messager du malheur, et «Lu dul Jàmm, Jàmm ko gën».