Culture : Jacques Foccart, le maître de la « France-Afrique »

Il restera de Foccart l’image d’un homme de l’ombre qui a œuvré à pérenniser la présence de la France en Afrique, par tous les moyens dont disposent ceux qui ne s’embarrassent pas de légalité !

Elysée avec des dirigents africains

La présence française dans ses anciennes colonies africaines n’a pas cessé avec l'indépendance de ces dernières, tant s’en faut. L’Afrique subsaharienne est restée le pré carré de la France. Dans le but de s’approprier des matières premières (uranium, pétrole) et de protéger son statut de puissance mondiale dans un monde qui évoluait, la France a défendu bec et ongles ses intérêts commerciaux en Afrique, usant de tous les moyens : interventions militaires, réseaux secrets de renseignement, soutien fidèle à certains autocrates.

Derrière cette politique de domination néocoloniale, y avait celui qui était considéré comme l’architecte de la « France-Afrique ». Il s’agit de Jacques Foccart (1913-1997). Surnommé « Monsieur Afrique » , ancien résistant, il suit son mentor, Charles de Gaulle, pendant la « traversée du désert » de ce dernier (1946-1958). Une fois président de la République, de Gaulle lui donne carte blanche sur les affaires africaines, avec pour mission de maintenir l’influence française en Afrique centrale et occidentale. Conseiller du général de Gaulle pour les affaires africaines, Jacques Foccart fut en son temps l'un des hommes les plus puissants de la V e République.

Foccart, c'est d'abord un mythe : celui des réseaux africains de la France, sur lesquels il veilla sans discontinuer de 1958 à la fin des années 1980, et dont tous les présidents de la République surent tirer parti. Mais aussi celui de l'action clandestine et des coups tordus, dont cet homme de l'ombre était passé maître. Jamais un simple conseiller n'eut, sous la V République, autant de pouvoirs.

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Le terme « France-Afrique » est entré dans le langage courant à l’aube des mouvements de décolonisation pour désigner des liens considérés comme désintéressés entre colonisateurs et colonisés, mais au fil des décennies, cette notion idéaliste a cédé la place à une autre plus cynique : la «Françafrique », ce système obscur et souvent extralégal qui a protégé les intérêts français et ceux des élites de l’Afrique francophone, au détriment des peuples africains.

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