Qui était Sarah Bartman, la « Venus noire » ?

Dans l'histoire, peu de noms suscitent autant d'émotion, de controverse et de réflexion que celui de Sarah Bartman. Son histoire est un rappel poignant des chapitres sombres de l'histoire de l'humanité, marqués par l'exploitation, le racisme et la recherche incessante du profit au détriment de la dignité humaine.

Sarah Bartman

Sarah Bartman est née vers 1788-1789 au Cap-Oriental, en Afrique du Sud, une région alors sous domination coloniale néerlandaise. Sa vie a pris un tournant tragique lorsqu'elle a été attirée loin de sa patrie par un homme qui lui promettait la gloire et la fortune en Europe. Elle était loin de se douter que son voyage serait marqué par d'immenses souffrances et l'exploitation.

À son arrivée à Londres en 1810, Sarah Bartman est exhibée comme attraction sous le nom humiliant de « Vénus hottentote ». Son corps, en particulier ses fesses hypertrophiées et ses lèvres allongées, est exposé à la curiosité morbide du public européen. Sarah est emmenée en Hollande, puis en France à partir de septembre 1814. Elle a fait l'objet d'examens dégradants, d'une chosification et d'un examen minutieux de la part du public.

L'exploitation de Sarah Bartman n'a pas pris fin avec sa mort en 1815. Même dans la mort, la dignité lui a été refusée. Son corps a été disséqué et ses restes ont été conservés pour être exposés dans un musée parisien pendant près de 150 ans. Ce n'est qu'en 2002 que ses restes ont finalement été rapatriés en Afrique du Sud et enterrés, grâce aux efforts inlassables de militants et du gouvernement sud-africain.

L'histoire de Mme Bartman rappelle la longue histoire de racisme et d'exploitation que les personnes d'ascendance africaine ont endurée. Son exploitation a été alimentée par les croyances racistes omniprésentes à l'époque, qui la décrivaient comme moins qu'humaine et justifiaient les mauvais traitements qu'elle subissait.

Cependant, l'héritage de Mme Bartman ne se limite pas à la souffrance. Son histoire a déclenché de vifs débats sur le racisme, l'exploitation et la chosification des corps noirs. Elle a incité des générations de militants à se battre pour les droits et la dignité des communautés marginalisées, en remettant en cause les injustices systémiques qui perdurent aujourd'hui.

ADVERTISEMENT

L'histoire de Sarah Bartman a fait l'objet d'un regain d'intérêt, et des voix se sont élevées pour qu'elle soit reconnue comme un symbole de résilience et de lutte pour la dignité humaine. Ainsi, l'écrivaine sud-africaine Diana Ferrus, publie en 1998 A poem for Sarah Bartman, texte dont la popularité a joué un rôle important dans sa réhabilitation. En 2010, Abdellatif Kechiche sort un film sur la vie de Sarah intitulé Vénus noire.

Sarah nous rappelle que la lutte pour la dignité et l'égalité est un combat permanent et que nous devons continuer à œuvrer pour un monde où personne ne sera soumis à la déshumanisation et à l'exploitation qu'elle a endurées. En nous souvenant d’elle, nous honorons non seulement sa mémoire, mais aussi celle des innombrables personnes qui ont souffert et continuent de souffrir des systèmes d'oppression. Son héritage nous incite à nous élever contre le racisme et la discrimination sous toutes leurs formes, et à œuvrer pour un monde plus juste et plus inclusif pour les générations futures.

ADVERTISEMENT

Témoin d'un événement? Contactez-nous directement sur nos réseaux sociaux ou via:

Email: temoin@pulse.sn

ADVERTISEMENT