Culture : Le sperme nourricier et tout-puissant des Baruya

La culture des Baruya de Papouasie-Nouvelle-Guinée explique l’origine de la vie par le seul pouvoir du sperme, attribuant par là même aux hommes les capacités reproductives des femmes.

Baruya Papouasie Nouvelles Guinées

Comme l’expliquent Nahema Hanafi et Caroline Polle dans « Fluides corporels », chapitre de l’excellente « Encyclopédie critique du genre » (éd. La Découverte, 2016), pour cette tribu de 2500 personnes vivant isolée dans les montagnes surplombant la Basse-Terre de Papouasie, entre 2 000 et 2 500 mètres d'altitude, c’est avant tout le sperme masculin qui est source de vie et crée un enfant. De même ce sont les coïts répétés durant la grossesse qui lui permettent de grandir dans le ventre de la femme.

  • Le sperme source de vie des Baruya

« Le sperme est ici la nourriture qui donne la force à la vie. C’est pour cette raison que les hommes donnent à boire leur sperme aux femmes affaiblies par leurs règles ou par un accouchement. Le sperme est aussi, pour les Baruya, ce qui produit le lait des femmes, développe leurs seins et fait d’elles des mères nourricières. » nous expliquent Nahema Hanafi et Caroline Polle.

C’est toujours le sperme qui transforme progressivement les garçons en hommes et les fait appartenir au monde viril. Pour ce faire, à partir de 9-10 ans, les jeunes sont nourris du sperme lors des séances d’initiation qui se déroulent dans la maison des hommes. Mais attention pas de n’importe quel sperme mais celui des hommes qui n’ont pas encore été salis par le contact sexuel avec une femme.

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Et les deux auteures de citer abondamment l’anthropologue Maurice Godelier qui à la fin des années soixante vécurent dans cette tribu pour publier en suite « La Production des Grands Hommes. Pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée » (éd Fayard) : « Ce serait la pire des humiliations que de donner à boire la semence d’un sexe qui a pénétré une femme ».

  • Le sperme devient le lait des femmes

Durant des années, les garçons sont ainsi initiés, avalant le sperme de jeunes hommes afin de devenir « plus grands et plus forts que les femmes, supérieurs à elles, aptes à les dominer, à les diriger ». Devenir un homme est un lent travail au contraire de la féminité qui est un état naturel. Ce processus passe par l’ingestion de sperme mais aussi par des rituels de purifications, des coups, des danses et le percement du septum du nez. La consommation de sperme vient parfaire le processus qui doit éloigner les garçons de l’influence de la mère et du monde féminin.

Cette sacralisation du sperme masculin permet aux Baruya de s’approprier symboliquement les capacités physiologiques reproductrices des femmes. Et de prétendre à leur supériorité sur les femmes qui ont elles des fluides corporels dangereux et polluants. Le sang impur des menstruations vaut encore aux femmes Baruya d’être exclues de l’usage des armes, de la propriété de la terre qui circule entre les hommes, de la production de la monnaie de sel et de l’accès direct au soleil et à la lune, divinités protectrices des Baruya.

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