Hommes crocodiles : Ils se scarifient pour avoir des écailles ! [Découverte]

Sur les rives du fleuve Sepik, les Iatmul, des "hommes crocodiles", perpétuent un rituel de passage impressionnant et unique au monde, destiné à donner à la peau l’apparence de celle de leur animal totémique.

Iniatition chez les Itamul

Les maisons des esprits - ou Haus Tambaran - le long de la rivière Sepik, dans le nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sont les points de rencontre d'un système de croyance basé sur les « esprits animaux ». Ces maisons sont richement décorées avec des peintures murales et des sculptures de toutes sortes de créatures - des cochons et des casoars aux serpents en passant par les aigles. Pourtant, c'est le crocodile qui incarne vraiment le pouvoir animiste le long du Sepik.

Dans l'une des cérémonies d'initiation les plus extrêmes au monde, les hommes du Sepik ont le dos, les épaules et le torse supérieur tranchés par des lames de rasoir pour laisser de longues marques de relief ressemblant à une peau de crocodile.

  • Les mythes du crocodile

De nombreux mythes évoquent le crocodile comme le maître des eaux primordiales et le créateur des premières terres immergées. Cette divinité aurait été un être double qui, en se retournant dans la vase, aurait fait émerger à l’aide de sa queue les premières terres. Elle reste, aujourd’hui encore, la base de l’organisation sociale des villages iatmul, formée de deux moitiés : les Nyawinemba, les « gens du lever du soleil » (nyawi), et les Nyamenemba, les « gens de la terre-mère » (nyame).

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Chaque clan revendique pour ancêtres une paire de crocodiles, et l’ensemble de ces paires est considéré comme une émanation de la divinité. Ces paires de crocodiles, appelées wagan sont associées aux dangereux tourbillons présents à certains endroits du fleuve.

  • Les hommes crocodiles

Manifestation très intense des croyances envers les esprits crocodiles, l’initiation masculine dans la société iatmul est un rite fondateur. Elle tisse un lien profond entre l’initié et le crocodile. Les novices, considérés par les anciens initiés à l’égal de femmes, sont vus alors comme pénétrant dans le ventre d’une mère crocodile pour en sortir en hommes accomplis. Leur initiation est perçue comme une seconde naissance. Ils sont allongés sur de petites pirogues retournées dont les proues sont sculptées de têtes de crocodiles.

Leur dos et leurs cuisses, puis leur poitrine et leurs bras sont, à l’aide d’une lame de rasoir, scarifiés de motifs propres à chaque clan. Durant ces opérations, des hommes font tournoyer des rhombes (instrument à vent) qui produisent une vibration très particulière. Les novices ne doivent pas laisser paraître leur douleur. Un de leurs oncles maternels reste auprès d’eux pour les encourager et les soutenir.

Après divers traitements à base de plantes médicinales, ces scarifications laissent des cicatrices très visibles, métamorphosant l’initié en homme-crocodile : il a été vidé de son excès de sang maternel. Ces marques sont présentées aux non-initiés comme les traces laissées par les dents du crocodile ancestral qui a dévoré les novices. En attendant la cicatrisation de leurs scarifications, les nouveaux initiés reçoivent, au sein de l’enclos initiatique, une éducation à la fois intellectuelle et manuelle.

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