Du poison dans le poisson » : c’est le nom du rapport de l’ONG Bloom publié ce 29 octobre. Dans une soixantaine de pages, l’association révèle que la quasi-totalité du thon en conserve sur le marché européen serait polluée au mercure.
Une enquête de Bloom rendue publique, hier mardi 29 octobre 2024, renseigne que 57 % des 148 boîtes de conserve prélevées dans des commerces de cinq pays européens, révèlent des niveaux de mercure très supérieurs aux maxima consentis pour les autres poissons.
Après avoir analysé près de 150 conserves de thon prélevées dans cinq pays européens, l’association BLOOM montre que toutes présentent une contamination au mercure. Plus d’une boîte testée sur deux (57%) dépasse la limite maximale en mercure la plus stricte définie pour les poissons.
De fait BLOOM s’associe avec foodwatch, une ONG de protection des consommateur·ices, pour dénoncer et mettre un terme à un « scandale de santé publique », couvert par les lobbys du thon.
BLOOM s’est penchée sur la concentration en mercure – un métal lourd potentiellement toxique – retrouvée dans le thon en boîte. En effet, le thon, en tant que prédateur situé au sommet de la chaîne alimentaire, accumule les métaux lourds de ses proies et présente ainsi une contamination décuplée en mercure par rapport à de plus petites espèces.
L’ingestion régulière de méthylmercure représente pourtant – même en faibles quantités – un grave danger pour la santé, en particulier (mais pas uniquement) pour le développement cérébral des fœtus et des jeunes enfants (voir encadré) » considère l’association.
Le mercure est « l'une des dix substances les plus préoccupantes au monde, comme l'amiante ou l'arsenic » parce que son dérivé, le méthylmercure, est classé comme « cancérogène possible par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) », ajoutent les deux organisations.
100% des boîtes sont contaminées au mercure
Pour réaliser son enquête, BLOOM a sélectionné aléatoirement 148 boîtes de conserve dans cinq pays européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie) et les a fait tester par un laboratoire indépendant. Résultat : 100% des boîtes sont contaminées au mercure et plus d’une boîte testée sur deux (57%) dépasse la limite maximale en mercure la plus stricte définie pour les poissons (0,3 mg/kg).
Haro sur les lobbies du thon
Est-ce légal ? Oui, car les teneurs maximales en mercure admises pour les thons ont été fixées à 1 mg/kg (contre 0,3 mg/kg pour les autres poissons, comme le cabillaud par exemple). Un seuil établi, selon l’association BLOOM – non sur une méthode prenant en compte les conséquences sur la santé des adultes et des enfants – mais sur des mesures de la contamination réelle en mercure des thons.
Pourtant, « aucune raison sanitaire ne justifie cet écart : le mercure n’est pas moins toxique s’il est ingéré via du thon », s’étonne l’association. Pourquoi une telle exception pour cette espèce ? Pour BLOOM, il faut voir dans cette réglementation particulière au thon la main du lobby thonier : « le seuil de dangerosité n’a pas été fixé dans l’objectif de protéger la santé humaine mais uniquement les intérêts financiers de l’industrie thonière » établit-elle.