L'effectivité du droit à la Santé en question au Sénégal [contribution]

Chaque individu a droit à la santé, un droit universel car partagé par tout le monde. En tant que droit de l’homme, son caractère universel permet à tout un chacun d’en bénéficier. Toutefois, on peut constater pour s’en désoler qu’au Sénégal ce droit fondamental n’est pas toujours effectif. En d’autres termes, les populations n’ont pas l’opportunité encore moins l’occasion de l’exercer alors qu’il leur est pourtant reconnu par des textes juridiques aussi bien internes qu’internationaux auxquels l’Etat a souscrits.

Dr-Malick-Samb

Le drame qui est survenu à l’hôpital Maguette LO de Linguère récemment, prétexte fort pertinemment qu’on se penche objectivement sur notre système de santé.

En effet, la mort tragique de ces quatre bébés « à peine nés » au service de néonatologie de cette structure de soins est symptomatique d’un dispositif sanitaire plus malade que les patients qu’il est censé soulager. La vie de ces innocents aurait été court-circuitée par un système d’électricité défaillant. La presse a rapporté que pendant plus de trois (3) ans le directeur général de l’hôpital exprime les besoins en équipements dudit service sans succès. Devant l’inertie du ministère de tutelle, il s’est rabattu sur des couveuses artisanales. Ce sont ces drôles de couveuses qui auraient pris feu arrachant ces nouveaux nés de l’affection de leurs parents. Ceci dénote de l’inconséquence, de l’insouciance et de l’inconscience de nos autorités qui ne comprennent certainement pas que la santé est un facteur de croissance, donc une priorité de haute portée.

L’intensité de la douleur ressentie par les parents des victimes, l’atrocité avec laquelle elles sont parties, doivent susciter la sensibilité et la responsabilité des dirigeants au premier rang desquels le Président de la République.

Autoproclamé gardien de la constitution, qu’il lui plaise de me permettre de rappeler que le droit à la santé est consacré par l’article 8 de la charte fondamentale du 22 Janvier 2001. A travers cette disposition, on peut aisément lire que : « la République du Sénégal garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. Ces libertés et droits sont notamment : le droit à l’éducation, le droit à la santé … ».

A mon sens, la reconnaissance du droit à la santé n’a d’intérêt que si les conditions minimales de son exercice sont réunies. A ce propos, il est utile de préciser que l’effectivité dudit droit requiert : l’accessibilité, la qualité et la disponibilité des soins. Au regard de ces critères, il est facile de remarquer que le système de santé du Sénégal ne peut pas satisfaire la demande soins exprimée par les populations.

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Le drame de Linguère n’est malheureusement que la face visible de l’iceberg, le mal est beaucoup plus profond.

A la vétusté des infrastructures sanitaires, on peut ajouter l’inaccessibilité financière et géographique des soins de santé, le mauvais management des ressources humaines, l’indisponibilité des médicaments entre autres.

Mais, le plus grand problème que connait le secteur de la santé découle de la politique de décentralisation portée par le code général des collectivités territoriales de 2013 qui transfère à celles-ci des compétences dans ce domaine. Avec leurs moyens matériels, humains et financiers très limités, les collectivités territoriales ne sont pas en mesure de mettre à la disposition des populations une offre de soins conséquente.

Face à ces différents maux qui handicapent gravement le système de santé et par ricochet l’effectivité du droit à la santé, il urge que l’Etat ait une volonté réelle et rigoureuse pour apporter la thérapie qui s’impose. Ne pensez-vous pas que ceci est plus judicieux que de lancer un dialogue politique qui ne poursuit que des desseins politiciens ?

Malick SAMB

Juriste-Formateur

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