Afrique : la France rattrapée par ses incohérences

Alors que les militaires avaient fini de mettre fin au régime des Bongo, la France dans une posture classique avait condamné le coup d'État militaire « en cours au Gabon ».

French President Emmanuel Macron will be at the coronation.

C’était le mercredi 30 août 2023. Et le porte-parole du gouvernement français, Olivier Véran, indiquait que Paris « surveille avec beaucoup d'attention l'évolution de la situation ». Une attitude de fermeté d’autant plus apparente que la diplomatie française avait « réaffirmé son souhait que le résultat de l'élection, lorsqu'il sera connu, puisse être respecté ».

Une manière indirecte de donner du crédit aux autorités gabonaises qui venaient d'annoncer la réélection d'Ali Bongo avec 64,27% des voix.

La douzaine de militaires apparus sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24 pour annoncer mettre « fin au régime en place », a mis tout le monde devant la réalité. Ali Bongo arrêté et mis en résidence surveillée s’est rendu compte que c’est fini pour lui. Son baroud d’honneur, un cri de détresse demandant à ses amis et autres soutiens de faire du bruit « make noise » est tombé dans l’oreille d’un sourd.

La France devant le fait accompli, s’est abstenu de tout interventionnisme militaire. Elle a entendu l’appel de l’association Survie qui milite notamment contre la "Françafrique" et celui de toutes les voix qui s’opposent à une intervention hexagonale. Les 400 militaires français encore déployés en permanence dans le pays, n’ont bougé d’un iota. Une attitude réaliste pour éviter le « syndrome sahélien ».

L’opération militaire française au Sahel lancée en 2013 contre les « groupes armés terroristes » au Mali, est morte de sa belle mort du fait de maladresses diplomatiques remarquables à tout point de vue. Si au Mali, au Burkina-Faso, au Niger, la France est congédiée, c’est du fait de la posture de Macron caractérisée par une inconséquence notoire.

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Celui qui a adoubé Mahamat Déby Itno qui a remplacé son père « tué au front », a été le premier à dénoncer les autres putschistes qui n’étaient en rien différents de son protégé tchadien qui a eu droit à un déplacement du président français venu assister à sa cérémonie d’investiture.

Ce qui a irrité davantage une opinion qui s’était déjà fait sa religion sur la duplicité de la France. Au Tchad, des voix se font entendre de plus en plus pour un départ des troupes françaises. Quelque chose s’est cassée.

Paris a beau prétendre qu'« il n’y a plus de Françafrique », les opinions publiques africaines ne le croient pas. Peu de gestes concrets. Du babillage, rien de plus.

Réalisme…

C’est ainsi que la France a finalement décidé de lever le pied au Niger comme demandé par les militaires qui ont mis fin à la présidence de Mohamed Bazoum. Emmanuel Macron faisait de la résistance en arguant que les putschistes n’avaient aucune légitimité pour donner des ordres demandant ainsi à son ambassadeur persona non grata, de rester. Paris rêve même d’une intervention pour déloger des indélicats et réinstaller un président déchu qui a refusé de démissionner contrairement à un Ibrahima Boubacar Keïta au Mali, à Jean Marc Kaboré au Burkina Faso et à Alpha Condé en Guinée qui ont vite tourné la page sous la contrainte.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui voulait stopper le déluge, en convoquant manu militari des réunions s’est manifestement finalement résignée. Elle est consciente du danger d’une intervention dans ce vaste pays dont les populations n’ont pas pleuré la chute de leur président même s’il a été démocratiquement élu.

La gestion approximative en cours dans bien des pays africains, n’est pas étrangère au Niger de Bazoum. En plus, celui-ci n’a pas su apporter une solution à la crise sécuritaire qui perdure. La pauvreté combinée à la mort constitue un cocktail explosif défavorable au successeur d’Issoufou.

Dans ce contexte bien chargé, Macron a bien fait de reconsidérer sa posture guerrière. Il lui reste d’autres pas à franchir pour laisser les Africains gérer leurs nombreux problèmes. Le malheur de la France aujourd’hui, c’est le fait de ne pas respecter l’Afrique.

Les problèmes de l’Afrique sont la pauvreté, la corruption, le mal démocratique, le péril terroriste. C’est à nous de trouver une solution à ces nombreuses équations. Il nous faut des potions pour guérir. Sinon, nous allons périr.

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