Découverte : Qui était Lamine Senghor, anticolonialiste bien avant Léopold ?

Entre 1924 et sa mort prématurée en 1927, à l’âge de 38 ans, le plus important des militants noirs était le Sénégalais Lamine Senghor et non pas Léopold. Aujourd'hui, il reste des acteurs de l'émancipation africaine les moins connues. Pulse Sénégal s'intéresse à l'engagement de Lamine Senghor.

Lamine Senghor

Lamine Senghor est né le 15 septembre 1889 à Joal au Sénégal et mort le 25 novembre 1927 à Fréjus en France. Il était est un militant politique sénégalais. Au début, ce vétéran de la guerre de 1914-1918 militait au sein de l’Union intercoloniale, groupe fondé par le Parti communiste français. Puis il a créé, en 1926, le Comité de Défense de la Race Nègre (CDRN), le premier mouvement populaire noir qui ait su réunir en France des centaines de membres à travers les ports et les grandes villes de l’Hexagone.

En février 1927, Lamine Senghor a été invité au congrès inaugural de la Ligue contre l’impérialisme à Bruxelles, où il a partagé la scène politique avec les chefs des grands mouvements nationalistes, tels que l’Indien Nehru et l’Indonésien Mohammed Hatta. Le discours de Senghor a rencontré un énorme succès, non seulement dans la salle mais aussi à travers le monde : on l’a tout de suite fait traduire en anglais, et il a été publié dans plusieurs revues aux États-Unis.

Ancien tirailleur sénégalais, il fut envoyé au front pendant la Première Guerre mondiale. Il participa à une mutinerie à Fréjus. Après la guerre, il resta en France et participa activement aux combats décoloniaux en France, milita au Parti communiste français (PCF). Il reçut l'interdiction de rentrer au Sénégal, les autorités coloniales craignant qu'il y diffuse les idées communistes.

Le 24 novembre 1924, Lamine Senghor fait une entrée remarquée sur la scène politique française. Simple facteur, jusqu’alors inconnu en dehors du milieu des militants anticolonialistes, il paraît comme témoin pour la défense au tribunal de Paris lors d’un procès pour diffamation intenté au journal « noir » Les Continents, organe de la Ligue universelle de défense de la race nègre, par Blaise Diagne, député du Sénégal à l’Assemblée nationale.

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La courte vie militante de Lamine Senghor (1924-1927)

Entre 1924 et sa mort prématurée en 1927, le Sénégalais Lamine Senghor devient une vedette du mouvement anticolonialiste. Le souvenir de sa contribution au mouvement anticolonialiste, ainsi qu’à la prise de conscience du monde noir, sera bientôt éclipsé par le succès de ceux qui l’ont suivi. Nous tenterons dans cet article de reconstruire son parcours militant.

Si son opposition à l’impérialisme s’exprime d’abord à travers la solidarité de classe, il semble évoluer en 1926-1927 vers une vision plus « raciale » de la solidarité, lorsqu’il crée le Comité de Défense de la Race Nègre. S’agit-il ici d’une rupture avec le communisme, ou d’une prise de conscience, comme en feront pendant les décennies suivantes des personnalités comme Richard Wright, Aimé Césaire ou George Padmore, du fait que le communisme ne s’intéresse pas vraiment au racisme blanc ?

Lamine Senghor perd la bataille contre sa maladie

Au printemps 1927, Lamine Senghor est donc une star du mouvement transnational contre l’impérialisme qui se dessine dans cette période. Mais c’est aussi un homme tuberculeux, de santé très fragile depuis que son bataillon a été gazé à Verdun en 1917. Gravement atteint aux poumons, le Sénégalais survit mais sa santé est affaiblie.

En juillet 1927, il commence à perdre la bataille contre les infections qui le rongent. En même temps, le mouvement qu’il a construit commence à s’écrouler. Il meurt le 25 novembre 1927 dans la petite ville méditerranéenne de Fréjus, loin de ses camarades noirs et abandonné par sa femme.

Le souvenir de la contribution de Lamine Senghor au mouvement anticolonialiste, ainsi qu’à la prise de conscience du monde noir, sera bientôt éclipsé par le succès de ceux qui l’ont suivi : Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ou Frantz Fanon.

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