Sénégal : Dérives automatiques [Opinion du Contributeur]

Ousmane Sonko en prison. Son parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) dissous. On voyait venir. Les signes annonciateurs étaient remarquables. Presque tous les leaders de cette formation politique sont arrêtés.

Ousmane Sonko s'adresse aux journalistes à Dakar, le 16 mars 2023 © AFP

Près de 700 membres de ce parti sont dans les geôles. L’emprisonnement d'Ousmane Sonko est une suite bien logique d'une entreprise bien concoctée. Ils étaient nombreux à considérer que le Pastef était une continuation du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (Mfdc) par d’autres moyens. La belle formule est de Yoro Dia ministre et conseiller en communication de la présidence de la République du Sénégal.

Le Pastef et son leader étaient condamnés avant même d’être jugés. Ils devaient être sanctionnés à la mesure de ce qu’on leur reproche. A y voir de près, le pouvoir est d’avis que Sonko est à l’origine de tous les malheurs du Sénégal. Et ils sont prêts à lui infliger une correction. La prison est la sanction ultime. La violence s’abat sur le leader de l’opposition sénégalaise. Une violence légitime ou légitimisée qui serait l’exclusivité de l’Etat, selon la formule consacrée. Périodes sombres de notre démocratie. Trois morts après le verdict. Deux à Ziguinchor, un à Pikine dans la banlieue dakaroise qui est en plein dans les manifestations. Des morts qui s’ajoutent à une soixantaine de victimes notées depuis février 2021.

Dissoudre un parti sous prétexte qu'il est dangereux sans aucune enquête sérieuse alors que même son leader sous mandat de dépôt n’est pas encore jugé, relève de la dérive. Internet coupé, journaliste en prison, leader de l'opposition emprisonné. Une couche plus épaisse des dérives autocratiques inédites.

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