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Interdiction du voile, identités piétinées : témoignages accablants sur l’Institution Notre-Dame de Dakar

Des témoignages accablants sur les humiliations graves et systématiques subies par les élèves de l’Institution Notre Dame de Dakar. Pulse Sénégal dévoile le témoignage anonyme et poignant d’une élève dudit établissement.

"Nous sommes fatigués et exténués"

Je parle aujourd’hui à visage couvert, mais avec le cœur ouvert. Je n’écris pas pour me plaindre, mais pour supplier qu’on nous entende. Nous sommes fatigués. Exténués. Au bord de l’effondrement. Et personne ne semble s’en soucier. Je suis élève à l’Institution Notre-Dame de Dakar, une école où l’on nous apprend l’excellence, mais où l’on piétine nos droits, nos identités, et notre santé mentale au nom de cette même excellence.

Le décret autorisant le port du voile piétiné

Il y a quelques mois, le ministère de l’Éducation nationale a publié un décret autorisant le port du voile dans TOUTES les écoles du pays, y compris les écoles privées catholiques. Ce décret, chez nous, n’existe que sur le papier. Dans la réalité, il est ignoré, méprisé, effacé. Pire : une pression ciblée s’exerce sur les élèves voilées. La direction ayant remarqué que ces dernières portaient généralement des « locks », essaye de les faire interdire pour l’année scolaire : 2025-2026, sous prétexte que c’est une coiffure extravagante alors que c’est juste leurs cheveux naturels nattés. Cette stigmatisation constante  laisse penser à une islamophobie déguisée, que personne ne veut nommer mais que nous vivons au quotidien.

"Nous subissons une charge de travail excessive"

Chaque jour, elles doivent choisir entre obéir à leur foi ou obéir à une direction qui refuse de respecter la loi. En plus de ces discriminations, nous subissons une charge de travail excessive : Six bulletins en seulement neuf mois. Un rythme infernal, avec des devoirs qui s’enchaînent sans aucune pause, sans espace pour respirer. C’est une course sans ligne d’arrivée, où l’on tombe mais où l’on doit continuer à courir. Les élèves craquent, pleurent, s’effondrent, parfois en silence, souvent dans l’indifférence. Et malgré tout, ils doivent continuer, le cœur à bout, la tête saturée, parce qu’ils n’ont pas le choix. Leur santé mentale s’effrite jour après jour, mais rien ne s’arrête, rien ne ralentit. On nous demande l’excellence, même si cela nous détruit.

Des punitions avec un malus de -2 points dans les matières dominantes

En plus de ces six bulletins , les élèves en classe d’examen ( troisièmes et Terminales ) ont enchaîné à peine 1 semaine après le bulletin de Mai avec l’examen blanc. Les terminales ont dû faire du 7h30-18h durant 4 jours du Lundi 19 Mai 2025  au Jeudi 22 Mai 2025. Et le plus cruel, c’est ce qui suit. Le lendemain, épuisés, certains élèves ont juste osé rester chez eux une journée, non pas par paresse, mais par besoin vital de repos, de sommeil, de silence, d’oxygène. Pour ça, ils ont été punis. Oui, punis, avec un malus de -2 points dans leurs matières dominantes, comme si leur épuisement physique et mental était une trahison. 

Aucune prise en compte de la santé mentale

Aucun égard pour les limites humaines. Juste une machine à broyer, qui refuse de voir que derrière les copies, les bulletins et les moyennes, il y a des adolescents qui s’écroulent en silence. Nous ne sommes pas des machines. Nous sommes des adolescents, des jeunes en quête de savoir, mais aussi d’équilibre. On nous pousse à bout, au nom d’un modèle d’éducation qui sacrifie notre bien-être. Nous demandons :

- Le respect immédiat des décrets ministériels concernant le port du voile

- L’arrêt de toute discrimination liée à l’apparence physique ou religieuse

- Une réforme urgente du rythme scolaire pour qu’il respecte nos limites

- Et surtout, que nos voix soient entendues, car nous ne voulons plus souffrir en silence

Lire plus : https://www.pulse.sn/articles/news/senegal-societe/port-du-voile-larrete-disponible-les-ia-vont-lappliquer-2024102912502854674

Nous avons le droit d’apprendre, sans nous détruire. Nous avons le droit d’être croyants, fatigués, humains, et d’être entendus. Ce témoignage est anonyme. Mais derrière mes mots, il y a des centaines d’élèves qui pleurent, qui craquent, qui tombent sans que personne ne les ramasse. Assez. C’est assez. Il est temps que cela change. Nous appelons les médias, les autorités et la société civile à regarder ce qui se passe entre les murs de certaines écoles dites d’élite. Parce qu’un bon système éducatif ne détruit pas ses élèves, il les élève.

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