L’engagement du journaliste a été aussi déterminant. Sa grève de la faim pour protester contre une arrestation injuste à bien des égards, a fait le reste. Si un malheur lui arrivait à la prison de Sébikhotane où il a dû quitter momentanément pour se faire hospitaliser, le pouvoir en serait le responsable. La manière violente utilisée pour l’arrêter est tout simplement cynique et humiliante. Une volonté de corriger et de réduire à néant. Une méthode contre-productive qui rappelle les sombres années de notre pays ou les réalités dans les « pays de merde ». Au Sénégal, de telles pratiques devraient être bannies. On ne saurait donner un blanc-seing à la presse pour qu’elle soit au dessus des lois, mais on doit les respecter et protéger le droit à l’information et à la possibilité d’enquêter sur tout ce qui intéresse la société.
Pape Alé Niang libre après plus d'un mois de prison. Il a fallu un engagement réel des journalistes, des citoyens épris de justice et plusieurs organisations ici et ailleurs pour que l'État lâche du lest.
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Ceux qui méritent la prison sont dehors. En 2012, le gouvernement issu de la deuxième alternance nous promet une « gouvernance sobre et vertueuse ». En 2022, les rapports accablants de la Cour des Comptes qui alimentent actuellement la chronique montrent assez un échec dans la lutte contre la prévarication. La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) ressuscitée pour mettre la main sur les biens mal acquis est morte, après une si petite moisson. L’Office national de lutte contre la Corruption (Ofnac) fait des rapports classés sans suite.
Entre des « dossiers sous le coude » et une transhumance salvatrice, une justice ne peut pas prospérer. Là où le bât blesse.
La prison pour des délits de presse n'est pas la solution. Il nous faut éliminer certaines lois liberticides qui n'existent dans aucune démocratie sérieuse.