Depuis plus de deux décennies, le pays est confronté à une vague de départs de milliers de jeunes pour un ailleurs meilleur avec son lot de malheurs. Et les statistiques font froid dans le dos : plus de cent corps sans vie ont été repêchés en mer au Sénégal en 2024, à la suite de chavirements de pirogues liés à la migration irrégulière, a révélé, lundi à Diourbel (Centre), le Secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière, le Contrôleur général de police Modou Diagne.
71 migrants portés disparus en 10 ans
De 2014 à 2024, plus de 71 mille personnes ont été portées disparues dans le monde dans le cadre de la migration irrégulière. Rien qu’en 2024, le Sénégal a enregistré 105 corps sans vie retrouvés après des naufrages de pirogues, sans compter ceux qui restent encore au fond de l’océan, a-t-il déclaré, selon l’Aps. Il intervenait en marge de la cérémonie d’installation des comités régional et départemental de lutte contre la migration irrégulière de Diourbel.Selon M. Diagne, cette initiative vise à «territorialiser la lutte» et à «impliquer les populations locales», notamment les Organisations communautaires de base (Ocb), dans la prévention du phénomène migratoire.
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Il a insisté sur la nécessité de «déconstruire l’idée selon laquelle l’Europe constitue un eldorado» et a appelé à renforcer les actions de sensibilisation des jeunes.Le Secrétaire permanent a également souligné les efforts de l’Etat visant à multiplier les centres de formation professionnelle et à promouvoir des projets agricoles pour offrir des alternatives viables aux jeunes et les inciter à rester au pays.
Plus de 30 000 migrants interceptés sur le sol mauritanien
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Sur la route de l’Afrique de l’Ouest, la baisse du nombre d’arrivées est aussi notable. Elles ont chuté de plus d’un tiers pour atteindre 10 400 (-34 %). Les principales nationalités sur ce corridor étaient les Maliens, les Sénégalais et les Guinéens, d’après le Frontex cité par infosmigrants.Depuis le début de l’année, la Mauritanie, devenue fin 2023 l’un des principaux points de départ des exilés souhaitant rejoindre l’Europe en traversant l’océan vers les Canaries, mène une politique migratoire plus stricte.
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Des contrôles sont effectués dans les grandes villes et sur les autoroutes. «Il y a des refoulements tous les jours. La police arrête même des gens dans leurs maisons, des hommes lorsqu’ils vont au travail», racontait, le mois dernier, à InfoMigrants, Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur, à Nouakchott.Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur le sol mauritanien entre janvier et avril 2025. En quatre mois, le pays a aussi démantelé 88 réseaux de passeurs.