Ce 24 octobre 2023, le procureur a requis 20 ans de prison ferme contre l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, jugé depuis janvier 2023 à Nouakchott pour avoir abusé de son pouvoir afin d’amasser une fortune immense. « Tous les éléments entre les mains de la justice prouvent la constitution d’un crime », a dit le magistrat Ahmed Ould Moustapha.
Il a aussi réclamé la confiscation des biens de celui qui a dirigé de 2008 à 2019 ce pays charnière entre l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne. Mohamed Ould Abdel Aziz, 66 ans, a écouté sans broncher les réquisitions prononcées contre lui.
Il répond depuis le 25 janvier avec dix autres personnalités, dont deux anciens Premiers ministres, d’anciens ministres et des hommes d’affaires, des chefs d’ « enrichissement illicite », « abus de fonctions », « trafic d’influence » ou « blanchiment ». Il proteste de son innocence et crie au procès politique.
Lors de son réquisitoire d’environ trois heures, le procureur a demandé des peines de 10 ans de prison ferme contre les deux anciens Premiers ministres et contre deux ministres, ainsi que la confiscation de leurs biens. Il a requis cinq ans de prison contre les autres prévenus.
Patrimoine de 63 millions de francs
Mohamed Ould Abdel Aziz, fils de commerçant, se serait constitué un patrimoine et un capital estimés à environ 63 millions de FCFA au moment de son inculpation en mars 2021. Il est l’un des rares ex-chefs d’Etat à répondre devant la justice d’enrichissement illicite dans l’exercice du pouvoir. Ses pairs jugés par les justices nationale ou internationale le sont surtout pour des crimes de sang, tel, ailleurs en Afrique de l’Ouest, l’ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, à la barre depuis septembre 2022.