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Tortures, sévices... : accusations explosives contre le Général Moussa Fall

Radié de la Gendarmerie et envoyé en prison, l’officier Ibrahima Dramé, ancien commandant du deuxième escadron de la garde présidentielle, porte de graves accusations contre contre l’ex-Haut commandant de la gendarmerie et Directeur de la justice militaire, le Général Moussa Fall & Cie, qu’il accuse de kidnapping, harcèlement et tortures. Récit explosif repris par L'OBS !
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Dans sa plainte pour harcèlement, kidnapping et actes de tortures, l'officier de Gendarmerie Ibrahima Dramé, ancien Commandant du deuxième escadron de la garde présidentielle, dévoile un témoignage poignant sur les abus qu’il aurait subis sous les ordres directs du Général Moussa Fall, alors Haut Commandant de la Gendarmerie nationale.

"Les éléments d’escorte ont refusé de m’autoriser à boire et uriner durant tout le trajet "

Il confie : "Dans l’affaire qui a conduit à ma condamnation et radiation, le Général Moussa Fall qui, au nom de la loi, m’a traduit en justice, a, de façon délibérée, passé outre les règlements militaires, les dispositions du Code de la justice militaire et le décret portant organisation et fonctionnement des conseils d’enquête. Avant mon arrestation, j’étais régulièrement désigné par note de service du chef d’Etat-major général des Armées pour participer au concours de l’école supérieure de guerre."

Il ajoute : "C’est le Général Moussa Fall, en tant que Haut commandant de la gendarmerie, à la suite d’un appel à candidature qui a autorisé le chef d’Etat-Major général des Armée à intégrer mon nom dans la liste des officiers retenus pour le concours parce que je remplissais tous les critères. Contre toute attente, et alors que je m’apprêtais à composer sur la dernière épreuve, le Général Fall a usé de subterfuges pour m’empêcher de terminer l’examen."

Général-Moussa-Fall

L'officier en rajoute une couche : "Pendant que j’étais en salle d’examen en attendant le démarrage de l’épreuve, le général Moussa Fall a déployé une escorte de la LGI sur place pour m’extraire de la salle et me conduire à la Section de recherches. J’ai été placé en garde à vue alors pas dans une procédure de flagrance (Selon les sources de L’Observateur, l’affaire est partie d’une somme d’argent à garder pour Abdou Ndoye, le laveur de son véhicule, qui lui a été remise via un certain Ibrahima Guèye."

«En prison, j’ai séjourné près de 2 mois dans la même chambre avec le Président Bassirou Diomaye Faye»

"C’était en 2022 et l’officier de gendarmerie travaillait à l’État-major particulier de la Présidence de la République, raconte-t-on. Ibrahima Guèye est venu lui remettre 800 000 FCfa de la part de Abdou Ndoye qui était en voyage au Fouta. Par la suite, Abdou Ndoye, va le joindre pour lui demander de lui envoyer l’argent. Ce qu’il aurait fait intégralement, mais par tranches, selon les besoins de Ndoye qui l’appelait fréquemment. Mais le sieur Ndoye se serait présenté, plus tard à lui pour lui réclamer, à son tour, l’argent."

Prison cap manuel

Malgré les explications de l’officier, révèlent les sources de L’Observateur,  il a informé la hiérarchie  de  la Gendarmerie qu’il aurait été escroqué par l’officier Dramé. La hiérarchie a ouvert une procédure contre lui. Il sera, au bout, envoyé à Rebeuss, puis au Cap Manuel, Ndlr)».

Poursuivant son récit, toujours selon les termes de sa plainte, l’officier de gendarmerie Ibrahima Dramé livre de nouveaux éléments troublants concernant sa deuxième arrestation et son traitement ultérieur : «Le 1er janvier 2024, je suis sorti de la prison du Cap Manuel à la suite d’une grâce présidentielle. Je n’avais pas jugé nécessaire de faire appel suite à ma condamnation, parce que c’est la volonté du Général qui prévalait presque partout. Entre-temps, j’ai été radié puis expulsé de la caserne de la gendarmerie de Faidherbe, sis au quartier Plateau, où je logeais avec ma famille pendant près de 10 ans. L’Ordre d’expulsion émanait du Général Moussa Fall qui a adressé une mise en demeure à mon épouse, lui ordonnant de quitter la caserne dans un délai d’un mois. Pourtant, je ne logeais pas gratuitement dans cette caserne, dans la mesure où, on me prélevait à la source mensuellement environ 120 mille FCfa pour le compte de l’Agence de logement des Forces Armées (Alfa). Malgré tout cela, je suis resté digne et j’ai décidé de transférer ma famille aux Parcelles assainies.

Moussa Fall à l'officier : "je mobiliserai toute la gendarmerie pour te traquer partout où tu seras"

Il poursuit : "En prison, j’ai séjourné près de 2 mois dans la mêmechambre avec le Président Bassirou Diomaye Faye que j’étais de connivence avec l’opposant Bassirou Diomaye Faye. C’est pourquoi quelques jours après ma sortie de prison, j’ai été surpris de recevoir un appel téléphonique masqué du Général Moussa Fall qui s’est exprimé en ces termes" : « Je suis au courant que tu partageais la même chambre avec Diomaye Faye. Je ne sais pas comment tu as fait pour quitter la prison. Mais je mobiliserai toute la gendarmerie pour te traquer partout où tu seras.»

En réponse à ses propos, il confie lui avoir envoyé des messages pour lui faire savoir que'il n’avait pas peur de lui : "Je lui ai également dit que je suis persuadé que tôt ou tard, il subira pire que ce qu’il est en train de me faire subir. Par ailleurs, je lui ai fait comprendre que si la gendarmerie ou encore l’Etat à travers sa personne ne veut pas de moi, je suis prêt à retourner en Casamance auprès des miens et je continuerai toujours à œuvrer pour la paix parce que c’est mon attachement à la paix en Casamance qui m’a poussé à intégrer les Forces Armées."

"Les services de renseignement me harcelait"

"Quand je me suis rendu compte qu’on m’espionnait, que mon téléphone était sur écoute et que j’étais suivi dans tous mes déplacements, j’en ai discuté avec ma famille et certains m’ont conseillé de quitter le pays (...) Finalement, d’un commun accord avec ma mère, j’ai décidé de me rendre à Ziguinchor auprès de ma tante pour prendre du recul et me préparer à retourner dans mon village pour reprendre les activités de plantation et de chasse au fusil."

"Une fois à Ziguinchor, je me suis vite aperçu que les services de renseignements continuaient à me harceler. Ma mère m’a suggéré de me rendre dans un village nommé Djatock, dans le Blouf pour y suivre temporairement un traitement traditionnel (sic) auprès des femmes du Bois sacré. J’y ai passé une journée."

"J’ai été arrêté, tout comme mon tuteur"

"Dans la nuit du 23 février, alors que toute la famille dormait, des éléments d’intervention, sous le commandement de la Section de recherches de Ziguinchor, ont fait irruption dans le domicile de mon tuteur. Il était environ 4H30 du matin, bien avant l’appel à la prière de Fadjr. J’ai été arrêté, tout comme mon tuteur, et on nous a acheminés à Bignona où nous avons été entendus séparément."

"A Rebeuss, je suis resté des jours sans pouvoir prendre un bain ni prier"

Prison de Rebeuss

"Mon tuteur a été relaxé le lendemain et j’ai été acheminé à Dakar sans aucune notification des raisons de mon arrestation. En cours de route, j’ai subi des sévices corporels ayant entraîné des blessures. Les éléments d’escorte ont refusé de m’autoriser à boire et uriner durant tout le trajet. Une fois à la Section de recherches de Dakar, on m’a refusé le droit de me faire consulter par un médecin. Je suis resté des jours sans pouvoir prendre un bain ni prier à cause des blessures et douleurs corporelles", conclut-il.

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