Droits tirages spéciaux : nébuleuse autour des 100 milliards de dollars

Un an après le sommet sur le financement des économies africaines, le débat sur la « bonne » procédure bloque le versement des 100 milliards de dollars de DTS promis aux pays africains.

Macky Sall, Macron

C'est le chef de l'État sénégalais Macky Sall, président en exercice de l'Union africaine (UA), à l'origine de cette réflexion dès novembre 2020, avec le président français Emmanuel Macron, qui porte au plus haut niveau et dans le débat public ce dossier très complexe. Il s'est exprimé à plusieurs reprises lors de grands rendez-vous internationaux et plus récemment à Dakar lors de sa rencontre avec les Young Leaders de la French-African Foundation, c'était le 5 mai dernier.

Où sont passés les 100 milliards de DTS que les pays développés ont accepté de réallouer aux pays pauvres ? Quelle est la clé de répartition qui a été retenue ? Où en est le Fonds monétaire international dans la mise en œuvre de cette grande décision issue du sommet de Paris, tenu il y a deux ans ?

Dans le cadre du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, la directrice générale du FMI a annoncé l’atteinte de l’objectif de mobilisation de 100 milliards de dollars via la réallocation de droits de tirage spéciaux, au profit des populations les plus vulnérables.

Une chose est sûre : des engagements fermes ont déjà été pris et sécurisés, selon le président Emmanuel Macron. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette question soulève pas mal d’interrogations auprès des chefs d’État africains.

À la suite de Macky Sall qui regrettait avant-hier les retards dans la mise à disposition de ces fonds, le président ghanéen n’a pas fait dans la langue de bois, en levant un coin du voile de pudeur qui enveloppait cette question. A l’entendre parler, c’est comme si le processus manque de transparence.

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‘’L’idée était que les pays africains aient la plus grande part. Cela ne s’est pas fait, malheureusement. Et l’enseignement que l’on peut en tirer dans le cadre de nos présents échanges, c’est que, quelles que soient les propositions, il faut les détailler pour faciliter la mise en œuvre dans le futur. Malheureusement, on a repris les formules traditionnelles et je crains que cela génère les résultats que l’on a connus jusque-là’’, a averti Nana Akufo Addo, malgré les assurances de Macron et des dirigeants des institutions de Bretton Woods.

Face à cette interpellation, Emmanuel Macron n’a pas hésité à donner la parole à Kristalina Georgieva pour apporter des éclairages. Prenant la parole, cette dernière a réitéré que la mise à exécution est non seulement en bonne voie, mais aussi que sept pays ont déjà eu le bonheur d’en bénéficier. Pour le moment, le ratio des pays de l’Afrique subsaharienne qui en ont profité est très faible, pour ne pas dire nul.*

‘’Les choses fonctionnent, mais surtout pour des financements dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. À ce jour, nous sommes à sept pays bénéficiaires, parce qu’il faut aussi y aller de manière prudente, pour une utilisation efficace de ces DTS. Il ne faut pas se précipiter’’.

Sur les 100 milliards, les 61 déjà à la disposition du FMI

Aujourd’hui, se félicite le président français, sur les 100 milliards promis, 61 sont déjà dans les caisses du FMI, les 39 autres sur lesquels il y a des engagements fermes et sécurisés le seront dans les prochains mois. Ce qui l’amène à dire que l’appel de Paris a été bien été entendu et est en train d’être mis en œuvre.

‘’Le travail se poursuit pour que les 39 milliards restants sur lesquels des engagements ont été faits arrivent dans les caisses du FMI. Dix projets ont été négociés et dix autres le seront dans les prochaines semaines. Nous mettons en place ce cadre permettant d’utiliser ces DTS ou équivalents, pour renforcer les fonds propres des banques de développement’’, souligne Macron comme complément de réponse.

Malgré ces réponses, le président Ramaphosa de l’Afrique Sud est venu enfoncer le clou. À l’instar de celui de son homologue ghanéen, il ressort de son récit un défaut de satisfaction manifeste. Malgré les assurances données.

‘’Le problème avec les DTS, dénonce-t-il, c’est qu’on nous dit que ce sont les égales. Soit vous avez 0, soit 50… Nous, nous pensons que ça ne doit pas être un jeu à somme nulle. Il nous faut des réformes pour plus d’équité dans le système international… Il (Nana Akufu Addo) a dit qu’il ne l’a pas encore vu. Nous sommes nombreux à pouvoir en dire autant. Et je pense qu’il faut en parler. Très souvent, dans des rencontres comme ça, on parle, mais on ne voit rien. Je pense que dans le nouveau départ que nous voulons entamer, il faut en tenir compte’’.

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