Cannes : la Sénégalaise Ramata Toulaye Sy en lice pour la Palme d'or

La Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy, réalisatrice du film «Banel et Adama», sera en compétition à la 76e édition du Festival de Cannes.

Ramata Toulaye Sy, «Banel et Adama»

Ils sont cinq en sélection officielle au Festival de Cannes 2023 : la Tunisienne Kaouther Ben Hani et la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy ont l’honneur d’être en lice pour la Palme d’or, le Soudanais Mohamed Kordofani, le Congolais Baloji Tshiani et le Marocain Kamal Lazraq sont entrés dans la prestigieuse section.

Il s’agit d’un véritable changement de paradigme, car dans ce panthéon du cinéma, où jusqu’ici, souvent juste les doyens du cinéma africain ont été admis, et cela seulement au compte-goutte, toute une jeune génération fait tout à coup son entrée avec fracas.

Ramata-Toulaye Sy, la figure de proue de toute une génération

En tant que femme et par la fulgurance de son ascension - un premier film à 36 ans -, la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy, née à Paris de parents sénégalais, sera la figure de proue de cette jeune génération de réalisateurs africains et de ce changement inédit dans l’histoire du cinéma africain à Cannes.

Depuis longtemps, le nom de Ramata-Toulaye Sy a fait son apparition en tant que scénariste, mais cela fait très peu de temps que celle qui a obtenu un master Arts du spectacle mention cinéma et audiovisuel à l’université Paris Nanterre, assume aussi le rôle de réalisatrice. Avec son talent de scénariste, elle a assisté et appris en 2018 aux côtés de la réalisatrice turque Çagla Zencirci et du réalisateur français Guillaume Giovanetti pour leur film Sibel.

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En 2019, elle a préparé avec Atiq Rahimi l’adaptation du livre de l’écrivaine rwandaise Scholastique Mukasonga, Notre-Dame du Nil.

« Astel », un premier court métrage

Mais, c’est qu’en avril 2020, lors du confinement suite à l’épidémie de Covid-19, qu’elle a décidé de tourner son premier court métrage. Astel, primé en 2021 au Festival international de Toronto et en 2022 au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, s’inscrit dans le même environnement que le long métrage qu’elle a envoyé à Cannes. Cette région isolée au nord du Sénégal s’appelle Fouta-Toro et l’a séduite par la présence de Peuls dont elle se sent très proche de leur culture qui privilégie le regard et les gestes corporels aux paroles.

C’est ici, dans cette région et dans cette culture dont Ramata-Toulaye Sy se sent très proche, qu’elle a situé l’histoire de la jeune Astel. À 13 ans, cette dernière traverse de façon à la fois douloureuse et heureuse le passage de l’enfance à l’adolescence et raconte comment on devient une femme. À Fouta-Toro se déroulera aussi le premier long métrage de Ramata-Toulaye Sy. Elle avait entamé le scénario de Banel et Adama, il y a sept ans, à la fin de ses études à la prestigieuse école de cinéma Fémis, à Paris.

« Banel et Adama », l'histoire d'un couple, racontée par une cinéaste-féministe

Et comme avec Astel, le message de Banel et Adama, interprété par Mamadou Diallo et Khady Mane, sera universel. Son long métrage d’une durée d’une heure et quarante minutes a été tourné en langue pulaar, avec des acteurs professionnels et non professionnels, et avec des techniciens presque exclusivement sénégalais. C'est donc un film sénégalais qui va représenter le Sénégal, même s'il y a aussi des coproducteurs français et maliens. L'histoire de Banel et Adama nous plongent dans la vie d’un jeune couple dans un petit village reculé, au nord du Sénégal. Un amour secoué par les passions des cœurs et des corps, mais aussi par les contraintes d’une société traditionnelle.

La place de la femme et les conditions de vie des femmes dans la société contemporaine lui tiennent particulièrement à cœur. Et c’est le cinéma qui a donné à Ramata-Toulaye Sy l’occasion de raconter des histoires à sa façon. Parmi les icônes qui l’ont inspirée et guidée pendant sa carrière, se trouvent l’écrivaine américaine Maya Angelou qui avait milité aux côtés de Martin Luther King et Malcolm X, la lauréate du prix Nobel Toni Morrison ou l’écrivaine et militante féministe nigériane Chimamanda Ngozi Adichie.

Ladj Ly, Mati Diop et Ramata-Toulaye Sy

Ramata-Toulaye Sy n’est pas la première qui utilise intelligemment le tremplin d’un court métrage pour se catapulter dans l’Olympe du cinéma. Avant elle, c’était Ladj Ly qui, avec Les Misérables, avait transformé un premier essai en long métrage acclamé sur la Croisette. En 2019, Mati Diop, Franco-Sénégalaise comme elle (et à l’époque également âgée de 36 ans), avait remporté le Grand prix du Festival de Cannes avec Atlantiques, également basé sur un court métrage réalisé neuf ans auparavant. Une chose est sûre, pour Ramata-Toulaye Sy, la vie après ce Festival de Cannes ne sera plus la même.

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