8 Mars : Dans la peau d’une femme policière

Mars est un mois dédié à la femme. C'est durant ce mois qu'est célébrée la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. Une occasion pour célébrer la femme dans sa bravoure, mais également lui rendre un grand hommage.

Des femmes gendarmes défilent lors de la fête de l'indépendance, le 4 Avril 2019.

Aujourd'hui plus que par le passé, les femmes sont présentes dans presque tous les corps de métiers au Sénégal. Dynamiques et très déterminées, elles se font remarquer par leur savoir-faire. Elles sont dans la médecine, l'éducation, le commerce, la police et la gendarmerie.

Pour cette année, nous allons nous intéresser à un corps de métier très spécial qu'est la police dont le principal rôle est le maintien de l'ordre. La police a pour objectif d'assurer la sécurité des personnes et des biens, mais surtout de faire régner l'ordre public. Depuis quelques années, les femmes ont adhéré à ce corps de métier qui était jadis réservé aux hommes.

Notre "linguère" du jour se nomme "Fatou" (nom d'emprunt). Âgée de 35 ans, elle a intégré la police en octobre 2010. Mariée et mère de deux enfants, elle nous plonge dans l'univers des femmes policières.

"Fatou" est adjudante de police, elle officie comme enquêteur dans un commissariat de police de la place. Elle a suivi un cursus scolaire normal entre l'École privée Mamadou Dionne ex-Sunugal, le CEM Momar Mareme Diop de Yeumbeul et le lycée de Thiaroye. En 2008, elle a décroché son baccalauréat. Après le Bac, Fatou a été orienté à la Faculté des Sciences humaines au département Anglais où elle a validé les deux premières années.

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Étant jeune étudiante, Fatou a dû faire face aux dures réalités de l'Université. Domiciliée à Yeumbeul, elle faisait la navette entre l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar et sa demeure familiale tous les jours. "Je me levais tous les jours à 4 heures du matin, sauf les weekends, et je rentrais tard. Cela avait même impacté sur mes études, j'ai dû reprendre une année à cause de ses conditions", nous raconte-t-elle.

La police, une volonté parentale

Fatou avait un rêve de jeunesse : celle de devenir vétérinaire comme son père. Mais hélas, le destin lui avait réservé un autre chemin. Avec le calvaire de l'université, elle a dû renoncer à sa passion pour tenter sa chance dans la police.

Issue d'une famille démunie, elle a fait le concours de police sur l'insistance de son père et pour subvenir aux besoins de sa famille. Avec l'appui d'un ami qui l'a beaucoup encouragé et aidé dans les épreuves physiques, elle a fini par décrocher son ticket d'entrée à la police.

Une formation militaire intense

N'est pas un policier qui le souhaite ! En plus du concours très sélectif qui se fait en trois (3) étapes : les épreuves physiques, écrites et orales, les candidats subissent une formation militaire très stricte. Après son admission, Fatou a suivi une formation militaire de 45 jours à l'école Police, appelé formation initiale du combattant FIC.

Un séjour qui n'a pas été facile pour notre "Linguère" qui a tenu le coup grâce à sa volonté et son abnégation. "Mon premier séjour n'a pas du tout été facile. Mais en voyant les autres tenir le coup, on ne peut que faire pareil", révèle-t-elle.

La solidarité entre classes

Contrairement aux autres corps métier, on note une grande solidarité au sein de la police surtout dans les camps de formation. Les femmes sont bien intégrées grâce au soutien de certains hommes qui les encouragent et leur remontent le moral dans les moments difficiles. D'ailleurs, le courant passe tellement bien que des liens de mariages naissent entre camarades de promotion.

Revenant sur cette solidarité, notre lingère nous raconte une petite anecdote "lors de mon premier jour dans la police, après plusieurs heures de bizutage, on nous avait présenté un repas dont je n’arrivais pas avaler tellement le goût était tout sauf bon. Mes larmes ont commencé à couler, un de mes camarades de promotion m’a calmé et m’a fait savoir que c’est ce que je devais manger tous les jours. Ses paroles m'ont redonné du courage et j'ai pu tenir le coup jusqu'à ma sortie de formation".

La police, un corps diabolisé

Dernièrement, on note une relation très tendue entre les forces de l'ordre et la population, surtout avec les dernières émeutes de mars 2021 qui ont fait 14 morts, dont 12 sous les balles des forces de défense et de sécurité.

Ces hommes de tenues, qui ont fait le serment d'assurer la sécurité et le bien-être de la population, se retrouvent à devoir faire face à ce même peuple. Pourtant, parmi ces agents, on retrouve des pères de famille, des maris, des mamans, des sœurs et des frères.

Étant femmes et très vulnérables, elles ont été formées à gérer ce genre de situation. Même si, elles ne se plaisent pas à être au front pour affronter leurs propres frères. "Personne n'est content de faire face à des manifestants parmi lesquels, il y a éventuellement des proches. Mais pour l’intérêt national et pour la sécurité des biens, nous avons le devoir d’y veiller", confie notre Linguère.

Cette tension entre les forces de l'ordre et la population met mal à l'aise notre interlocutrice. " Nous sommes là pour la population et nous sommes prêtes à nous donner corps et âme pour leur sécurité. Elle ne devrait pas nous prendre pour des ennemis, mais plutôt comme des partenaires", lâche-t-elle.

Un métier plein de sacrifice

Allier le rôle d'épouse, de maman et de femme policière n'est pas toujours facile. C'est un choix qui demande beaucoup de sacrifice et de compréhension. Heureusement, Fatou a pu trouver un homme qui la comprend et l'épaule dans son travail.

"C'est très difficile d'allier le foyer et la profession. Mais après avoir fait de bons résultats, on est fière et on oublie les efforts fournis. Aussi, j’ai la chance d’avoir un époux compréhensif qui ne se plaint pas quand je reviens tardivement du boulot et cela me facilite la tâche. Pour mes enfants, je profite de mes jours de repos pour me consacrer à eux. On est ensemble et cela me permet de les rectifier", confesse-t-elle.

Un message aux femmes

"Je souhaite une bonne fête à toutes les femmes du monde particulièrement celles du Sénégal. Elles sont présentement dans toutes les activités qu’occupaient auparavant les hommes. Qu’elles continuent de croire en elles et de se faire respecter. Vive les femmes !"

Comme "Fatou", de nombreuses femmes ont brisé le mur de glace et n'hésitent pas à choisir les métiers qui leur plaisent, même si, pendant longtemps, ces jobs sont restés réservés aux hommes.

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