Il est courant de repousser le moment d'aller aux toilettes, que ce soit pour finir une discussion importante, éviter de s'arrêter pendant un long trajet, ou boucler un dossier important. Mais quelles sont les conséquences possibles de cette habitude sur la santé ? La CNN a exploré ce sujet.
Selon le docteur Jason Kim, professeur clinicien associé d’urologie à la Renaissance School of Medicine de l’Université Stony Brook, se retenir d'uriner de temps en temps serait inoffensif. Toutefois, si cela devient une habitude régulière, certains risques peuvent commencer à augmenter.
Un système complexe
« Il existe un système neurologique complexe qui contrôle la miction », explique le docteur. Les reins produisent l’urine, qui est acheminée via les uretères jusqu'à la vessie. Cette dernière a une capacité moyenne de 400 à 600 millilitres.
Lorsque la vessie est à moitié pleine, des récepteurs nerveux envoient un signal au cerveau pour indiquer qu'il est temps d'uriner. Le cerveau peut alors retarder le moment, en maintenant le muscle du sphincter urétral contracté jusqu'à ce que les conditions soient appropriées pour se soulager.
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D’après le docteur David Shusterman, urologue interviewé par la CNN, ce mécanisme a une fonction évolutive. « Nos ancêtres ne pouvaient pas simplement uriner n’importe où sans risquer de se faire repérer par des prédateurs », explique-t-il. L’urine contient des toxines concentrées, et son odeur pouvait signaler leur présence.
Les risques pour la santé en se retenant trop souvent sont bien réels
Aujourd’hui, le risque de se faire repérer et dévorer par un prédateur sont nettement moins élevés. En revanche, les risques pour la santé en se retenant trop souvent sont bien réels. En tête de liste : l’infection urinaire.
Selon le docteur Jamin Brahmbhatt, urologue à Orlando Health, retenir son urine peut « créer un terrain fertile pour les bactéries ». C’est pourquoi il est recommandé, notamment aux femmes, d’uriner après un rapport sexuel. En effet, la friction peut pousser des bactéries dans l’urètre, augmentant ainsi le risque d’infection.
Uriner sous la douche
Si une infection urinaire n’est pas traitée à temps, elle peut remonter jusqu’aux reins et provoquer une pyélonéphrite. Cette infection peut évoluer en urosepsie, une septicémie d’origine urinaire potentiellement mortelle.
Le cercle vicieux des signaux du corps
Retenir trop souvent son urine peut fatiguer les muscles de la vessie, rendant leur contraction moins efficace. « Cela rend plus difficile de vider complètement la vessie lorsque vous y allez enfin », explique le docteur Brahmbhatt. Ce phénomène peut entraîner un cercle vicieux : l’accumulation d’urine résiduelle augmente le risque d’infection.
Ignorer constamment les signaux corporels a aussi comme conséquence de les rendre moins perceptibles. Ce phénomène est fréquent chez certaines professions, comme les enseignants ou les infirmières, qui ont peu d’occasions de se rendre aux toilettes durant leur service.
Des personnes plus vulnérables
faire pipi la nuit
Dans les cas extrêmes, retenir son urine peut provoquer un reflux vers les reins, entraînant des infections, des lésions rénales ou une hydronéphrose, c’est-à-dire une accumulation d’urine qui fait gonfler les reins. D’autres complications incluent des douleurs abdominales, des crampes ou des calculs vésicaux.
Certaines populations sont plus vulnérables aux effets de la rétention urinaire, notamment les personnes âgées, les femmes enceintes, les patients immunodéprimés, et les personnes exposées à des toxines via le tabac ou sur leur lieu de travail.
Les experts recommandent d’écouter les signaux de votre corps et d’aller aux toilettes dès que possible. Si vous êtes mal à l’aise avec les toilettes publiques, prévoyez des lingettes désinfectantes ou des housses de siège portable.