Guerre en Ukraine : L’Europe courtise le gaz sénégalais

La volonté européenne de se passer du gaz russe donne une impulsion à ce secteur. L’Allemagne, l’Italie et d’autres pays européens ont déjà commencé à prospecter le gaz sénégalais

Une vue générale montre une usine de traitement de gaz de pétrole naturel et associé dans le champ pétrolifère de Yarakta, propriété d'Irkutsk Oil Company (INK), dans la région d'Irkoutsk, en Russie, le 11 mars 2019.

L’Europe et l’Afrique ont longtemps eu des divergences dans le domaine de l’industrie énergétique. Et le spectre de l’inflation, celui de la pénurie, et celui de la dépendance à la Russie, vient remettre le gaz africain au centre du jeu.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Europe regarde de tous les côtés pour tenter de trouver rapidement d'autres sources d'approvisionnement en énergie. Berlin multiplie donc les échanges avec d'autres pays pour diversifier son approvisionnement, son regard se tourne notamment vers l'Afrique.

Plus particulièrement au Sénégal où l'Allemagne qui cherche à réduire sa dépendance au gaz russe s'est ainsi engagée dans des projets d'énergie renouvelable ou de stockage de l'énergie. Berlin a ainsi entamé des discussions en ce qui concerne le gaz, a déclaré le chancelier Olaf Scholz, lors d’une visite à Dakar.

Un engagement confirmé par le président sénégalais Macky Sall. Conscient des enjeux du moment, Dakar se dit prêt à livrer, dès 2023, du gaz naturel liquéfié (GNL).

Dans tous les cas, le Président Macky Sall a prévu le début de la production en décembre 2023, à raison de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an dans un premier temps, et 10 millions en 2030.

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Le Sénégal et la Mauritanie se sont lancés il y a quelques années dans l'exploration. Les deux pays ont mis en commun leurs ressources pour mettre sur pied l'un des plus grands champs gaziers d'Afrique : le GTA (Grande Tortue Ahmeyim) qui s'étend de part et d'autre de la frontière maritime du Sénégal et de la Mauritanie.

Les réserves sont estimées à 1 400 milliards de m³ de gaz. Les deux pays partageront les recettes estimées entre 80 et 90 milliards de dollars sur 20 ans. Le chantier a pris un peu de retard à cause de la pandémie.

Actuellement, l’UE dépend de la Russie pour 45 % de ses importations de gaz, qui ont totalisé environ 155 milliards de mètres cubes l’année en 2021. C’est pourquoi elle va émettre des propositions visant à éliminer progressivement sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes d’ici à 2027.

L’UE s’intéresse également au potentiel de l’Afrique pour la production d’hydrogène vert, c’est-à-dire d’hydrogène produit à partir de sources d’énergie renouvelables. Des pays comme l’Allemagne ont déjà déterminé qu’ils ne pouvaient pas produire seuls les grandes quantités d’hydrogène vert dont ils auront besoin pour atteindre leurs objectifs d’émissions nulles. Ils ont donc commencé à préparer le terrain pour des accords d’importation fructueux avec les producteurs africains en investissant dans les infrastructures et les programmes de renforcement des capacités africaines.

Place donc à un partenariat gagnant-gagnant. L’Afrique peut aider l’Europe à réduire sa dépendance à l’égard du gaz naturel russe. Dans le même temps, l’Europe peut soutenir les objectifs de l’Afrique en faveur d’une transition énergétique équitable.

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