Le Sénégal peut se réjouir de l’exploitation prochaine de ses ressources naturelles en gaz et en pétrole. Ainsi, plus de 1 400 milliards devraient renforcer le budget du Sénégal, grâce aux ressources naturelles, rien que la première année.
L'exploitation du gaz au large de Saint-Louis aura de graves impacts sur l'environnement social des populations.
Cette manne financière s’accompagne, toutefois, de risques environnementaux et sociaux liés à l’exploitation des hydrocarbures. Du moins si l'on se fie à l'étude de Legs-Africa, un groupe de réflexion panafricain d’orientation scientifique, politique, économique et sociale. Leurs résultats ont été partagés à travers un rapport dénommé ‘’Revue critique de l’étude d’impact environnemental et social du projet gazier Grand Tortue/Ahmeyim (GTA)’’.
Legs-Africa a présenté aux parties prenantes les risques environnementaux, sociaux et économiques d’une exploitation du pétrole et du gaz. Le projet GTA, au Sénégal, s’établit sur quatre zones, en mer et sur le continent : la zone offshore située à environ 125 km de la côte, la zone de terminal du Hub GNL à environ 10-11 km de la côte, la zone de pipeline, un corridor étroit posé sur le fond marin reliant les infrastructures offshores aux infrastructures proches des côtes, ainsi que la zone d’opération de soutien située au port de Dakar. La zone concerne notamment les communautés côtières de N’Diago et de Saint-Louis, situées à proximité de la zone du terminal du hub GNL près des côtes. Ces espaces géographiques regroupent de fortes potentialités économiques et environnementales.
Les communautés côtières de N’Diago et de Saint-Louis, les plus exposées
La zone d’étude restreinte de l’EIES englobe les secteurs ou les impacts que les activités de routine du projet pourraient potentiellement causer. La zone d’étude élargie comprend une superficie plus vaste pour prendre en compte la possibilité que des hydrocarbures déversés accidentellement soient transportés par les courants et les vents ambiants, précisément la ville de Saint-Louis et ses environs.
Les risques environnementaux encourus concernent les trois grandes étapes du développement de GTA ; chacune présentant ses propres risques avec l’utilisation de produits chimiques, dangereux et non dangereux et de matières dangereuses : la préparation, la construction et l’installation des équipements ; les opérations de production ; et la fermeture et la mise hors service. En plus des produits chimiques, les moteurs utilisés pendant toutes les phases du projet produiront des émissions atmosphériques qui varieront en fonction de la taille du moteur, de la source de combustible, de la charge du moteur et de sa durée de fonctionnement.
Concernant l’environnement biophysique, le projet est situé dans la partie sud du grand écosystème marin du courant des Canaries (CCLME), un des grands écosystèmes marins de remontée d’eau froide (upwelling) les plus productifs au monde. Il possède la plus importante production de pêche de tous les grands écosystèmes marins africains. Les principales composantes biologiques présentes dans les zones d’études de l’EIES comprennent du plancton, des communautés benthiques, des poissons et d’autres ressources halieutiques, des oiseaux, des mammifères marins et des tortues de mer. Les aires protégées et les autres zones d’importance pour la conservation ont aussi été caractérisées dans l’EIES.
9 incidents impliquant des pêcheurs
Pour ce qui est de l’environnement social, la portion sénégalaise de la zone d’étude restreinte de l’EIES comprend une bande côtière entre Dakar et Saint-Louis, particulièrement les pêcheurs de la langue de Barbarie. Rien qu’en 2019, la pêche maritime a comptabilisé 451 964 tonnes en prises, soit plus de 182 milliards de francs CFA. Principale activité économique des populations locales, elle représente l’un des principaux piliers de l’économie sénégalaise et est d’une importance capitale, tant sur le plan social que sur le plan de la sécurité alimentaire.
D’ailleurs, le rapport annuel ESIA (Évaluation d’impact environnemental et social) 2021 a répertorié neuf incidents impliquant des pêcheurs dont les filets de pêche ont été pris dans la zone d’exclusion, nécessitant parfois l’intervention de la marine. Toutefois, il n’a été signalé aucun conflit dû au refus par des pêcheurs de respecter la zone d’exclusion.
En plus de la pêche, le transport maritime est une activité économique importante pour cette zone. Si le trafic maritime transitant par le port de Dakar est dense, la route principale maritime est située en dehors de la zone d'étude restreinte. Un corridor de transport maritime international traverse la partie ouest de la zone d’étude restreinte de l’EIES dans un axe nord - sud, mais avec un trafic d’intensité modérée. Et les activités côtières sur la zone comprennent le tourisme et les loisirs sur la plage.