Accident à Kaffrine : récits poignants !

Dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 janvier 2022, la route a encore frappé, emportant, dans la foulée, 39 personnes et occasionnant au total 100 blessés. Voici le récit poignant des secouristes et des parents des victimes repris par L'OBS.

Un violent accident a occasionné la mort d'au moins 39 personnes, dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 janvier 2023, à Kaffrine (centre-ouest du Sénégal).

« Une femme demandait de voir sa fillette qu'elle portait dans ses bras »

Paysan de son état, Ismaïla Diaby, domicilié au village de Sikilo, lieu du drame, raconte : « C'est ma femme qui m'a réveillé pour me dire qu'il y a un éclatement de pneu et des cris venant de la route nationale (…) J'ai su que c'était un accident. Alors je me suis levé brusquement pour aller soutenir les blessés. Arrivé sur les lieux, je suis tombé sur deux véhicules complètement endommagés. Je suis entré dans l’un des bus où j’entendais des voix de femmes. La minute d’après, des jeunes du village m’ont rejoint et nous avons commencé à extraire les accidentés. Les uns nous suppliaient de faire vite, d’autres étaient coincés entre les sièges du véhicule. Ils se tordaient de douleur. Nous avons enveloppé les personnes décédées à l’aide de sacs vides que transportait l’un des bus. Je n'ai pas pu me retenir quand une femme me demandait après sa fille qu’elle portait dans ses bras. Celle-ci a été retrouvée morte entre les sièges du véhicule. Mes habits étaient couverts de sang. Pour éviter que mes enfants ne les voient, je les ai mis dans un trou ».

« La vieille dame me tendait la main pour que je la sauve »

Abdoulaye Dia, un autre habitant de Sikilo, réveillé lui-aussi par le choc décrit la scène horrible : « Je pense surtout à une vieille dame qui m’a tendu la main pour que je la sauve. J’ai réussi à la faire sortir du véhicule. Mais, dès que je l’ai déposée au sol, elle a commencé à vomir du sang. Elle décédera la seconde d’après. Après l’avoir enveloppée avec un drap, je suis retourné dans le véhicule. Je ne pouvais pas supporter le fait de voir des êtres humains comme moi pris en otage entre les sièges des véhicules. Les victimes étaient pour la plupart des jeunes âgés entre 35 et 40 ans. Le sol était rouge de sang. On s’est mobilisé pour mettre du sable sur les lieux ».

« Certains corps découpés en morceaux ont été mis dans des sacs »

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Président du comité départemental de la Croix rouge, l’ancien député, El Hadji Mangane, a occupé hier, une place primordiale dans le dispositif de secours que la structure qu’il dirige avait mis en place pour venir en aide aux victimes de l’accident. Seulement, compte tenu de l’atrocité du choc, il a finalement préféré se retirer au service des urgences. Il témoigne : « Je fais partie des premiers qui se sont rendus sur les lieux du drame. Vraiment, l’accident était horrible. Des victimes coincées dans les tas de ferraille criaient à tue-tête. Certains sollicitaient des secours, d’autres demandaient après leur enfant. C’était vraiment triste. Les morts jonchaient le sol, certains ont été découpés en morceaux. D’ailleurs, ils ont été mis dans des sacs. Raison pour laquelle, je n’ai pas mis les pieds dans la salle réservée aux morts. Les secouristes de la Croix rouge ont fait preuve de courage. Ils se sont donnés à fond pour essayer de sauver des vies… »

« Ma grande sœur et sa petite-fille ont rendu l’âme sous la ferraille des deux bus »

Moussa Diarra a perdu deux êtres chers dans l'accident survenu à Kaffrine. Il a eu du mal à y croire avant de se rendre sur les lieux de l'accident et de se rendre compte de l'ampleur du drame.

« J’habite à à Kaffrine. Ma grande sœur, Oumou Diarra et sa petite-fille sont décédées dans l’accident survenu à hauteur du village de Sikilo. C’est à Tamba que ma sœur, âgée de 82 ans et qui n’a jamais voyagé à bord d’un bus, est montée à bord. Nous ignorions qu’elle fait partie des passagers de ces deux bus entrés en collision. Car, en plus de ne jamais voyager à bord d’un bus, elle ne nous a pas avisés de son voyage sur Kaffrine. », s'est-il confié.

Il poursuit : « Commerçante, elle faisait régulièrement la navette entre Touba et Diaobé. C’est une de ses voisines de quartier à Tamba qui nous a avisés de l’accident. Précisant que Oumou serait probablement dans un des bus impliqués. Aussitôt, mon frère qui nous cachait la nouvelle essaie de la joindre sur son téléphone portable qui ne répondait pas. Pris de panique, il alerte toute la famille établie à Kaffrine. C’est alors que nous nous sommes précipités sur les lieux de l’accident. Nous l’avons identifiée, de même que sa petite-fille, parmi les personnes ayant rendu l’âme sous la ferraille. Quant à sa fille, elle est admise aux Urgences. Oumou Diarra était l’aînée de notre famille qui nous couvait comme une maman. Nous sommes surpris de son décès. Malgré son âge avancé, elle n’a jamais voyagé à bord d’un bus. Sa première sera aussi sa dernière. Toute la famille est attristée. Mais, devant la volonté divine, l’individu ne peut que se plier et prier pour le repos de l’âme des victimes mortes de façon si atroce et douloureuse. »

En moyenne 700 personnes meurent chaque année au Sénégal dans des accidents de la route. Ce chiffre est donné par l'Agence nationale de sécurité routière (ANASER) mais ne prend pas en compte les décès chez les accidentés suivis dans les hôpitaux.

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