Menaces, stigmatisation, violences… : Dans la peau d'une sage-femme

Mars est désigné comme le mois de la femme. Il en est ainsi car durant ce mois, une journée est dédiée exclusivement à la femme ou plutôt aux droits de la femme.

Une sage-femme au chevet d'une femme qui vient d'accoucher

.

Au Sénégal, la journée du 8 mars a tendance à être dénaturée car certains y voit un évènement commercial, d’autres un moyen pour honorer la femme en organisant des "Sargals" (rendre hommage en Ouolof).

Alors que cette journée est une date charnière du calendrier féministe dont l’objectif est de dénoncer les discriminations, les inégalités et les violences vécues par les femmes ; il s’agit par la même occasion d’un moment propice à la réflexion et à la recherche de solutions visant à améliorer la condition de chacune des femmes, tout en soulignant le chemin parcouru.

Parlant de violences et de discrimination, nous allons nous intéresser à un corps de métier très sensible au Sénégal : celui de Sage-femme.

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  • À quoi consiste le travail d’une sage-femme ?

Elles sont appelées aussi les blouses roses. Des professionnelles des soins obstétricaux capables de prendre en charge les soins apportés pendant la grossesse, l'accouchement et le post-partum ainsi que les soins aux nouveau-nés.

Leur rôle est d’accompagner les femmes tout au long de leur processus de grossesse pour prévenir les problèmes et les états anormaux .

De la conception, à l’accouchement en passant par la grossesse, les visites prénatales et postnatales, les sages-femmes assistent les femmes enceintes ainsi que leurs bébés jusqu’à leur cinquième année.

Pour être sage-femme, il faut au minimum trois années de formation dans les écoles de santé agrées par l’État. Pour y entrer il faut au moins le niveau baccalauréat.

Ensuite, il faudra faire des stages dans les structures de santé pour acquérir de l’expérience.

  • Un métier noble avec beaucoup de contraintes 

Être sage-femme n’est pas chose facile ! En plus de la formation, il te faudra être une personne patiente, attentionnée avec un bon cœur. Car la plupart des femmes enceintes ont des humeurs difficiles dues aux hormones en plus des douleurs qu’elles peuvent ressentir, confie une sage-femme qui a préféré garder l’anonymat.

Selon elle, quand on est sage-femme on doit pouvoir se passer des problèmes familiaux, du stress, pour donner le meilleur de soi. Mais c’est un métier difficile, mal payé et avec beaucoup de risques.

Les sages femmes ont toujours décrié le manque de personnel, l’insécurité, et les violences physiques et verbales dont elles sont victimes dans l’exercice de leur fonction.

  • Effectif réduit dans les structures de santé 

Il y a un manque criard de personnel dans les maternités du fait que l’État du Sénégal recrute peu de sages-femmes. Elles sont obligées de faire le travail de plusieurs personnes et cela peut affecter leur moral. La plupart des sages-femmes qui n’ont pas été recrutées dans la fonction publique, se retrouvent à exercer dans les cliniques ou autres structures privées avec des salaires dérisoires. Et pourtant, sans elles, la vie de plusieurs femmes ainsi que leur bébés serait en danger.

  • Insécurité et violences

« Les violences que subissent les sages-femmes viennent pour la plupart des malades ou des accompagnants », révèle notre source. Selon elle, au Sénégal, il y a une mauvaise image étiquetée aux sages-femmes. Pour certains, ce sont des femmes insensibles aux douleurs de leurs malades et la plupart d’entre elles utilisent un langage dur, parfois même agressif avec les patientes. Ce qui fait que les gens viennent vers eux en étant sur leur garde.

Et pourtant, ce n’est pas toujours le cas. Dans tous les métiers du Sénégal, il y a des brebis galeuses qui dérobent à la règle. Une sage-femme doit avant tout être capable de calmer la douleur de sa patiente avec les mots avant d’en venir à l’acte, défend notre interlocutrice.

Le cas le plus récent d’agression s’est produit dans un village à Ziguinchor. Des sages femmes ont été menacées par une bande d’agresseurs armés qui voulaient dérober la caisse de la structure sanitaire.

Une situation qui a suscité une vague d’indignation à l’ANSFS (Association nationale des Sages Femmes d’Etat du Sénégal). Elles avaient décrété une journée sans sage-femme avec le porte des brassards rouges dans les maternités. Leur présidente Bigué SARR Mbodj a même organisé ce lundi 7 mars, une marche de protestation contre les violences faites à ses membres. Elle menace de passer à la vitesse supérieure en organisant une journée sans sage-femme si leurs doléances ne sont pas pris en compte par le gouvernement du Sénégal.

  • Cri de Cœur des sages-femmes 

« Nous réclamons le recrutement massif des anciennes qui depuis 2010 attendent leur intégration dans la fonction publique. Une rémunération à la hauteur de nos compétences. Et une mise en place d’agents de sécurité dans les maternités pour assurer notre sécurité », conclut notre interlocutrice.

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