Moins d’un million de Sénégalais paie les impôts

Sur 6 millions d’imposables, moins de 10% de Sénégalais apportent une contribution directe à la couverture des charges publiques.

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Le Sénégal affiche un taux de pression fiscale inférieur à la moyenne sous-régionale (18,6% du PIB), alors qu’un objectif minimal de 20% est recommandé par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. De plus, sur une population de 407.882 unités économiques recensées en 2016, environ 85.000 sont dans le fichier des contribuables de la Direction Générale des Impôts et des Domaines dont seulement 25.000 sont réellement actifs.

De même sur une population active de plus de 6 millions d’individus, moins de 10% apportent une contribution directe à la couverture des charges publiques, selon les chiffres de la Direction Générale des Impôts et des Domaines, 2020).

L’équipe d’Afrobarometer au Sénégal, conduite par le Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (CRES), s’est entretenue avec 1.200 adultes sénégalais en décembre 2020. Un échantillon de cette taille produit des résultats nationaux avec des marges d'erreur de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95%. Des enquêtes ont été précédemment réalisées au Sénégal en 2002, 2005, 2008, 2013, 2014 et 2017.

Lors de la plus récente enquête de sondage d’Afrobarometer, les Sénégalais expriment un manque d’informations sur les impôts à payer et leur utilisation par le gouvernement. De plus, seulement une faible majorité des citoyens soutiennent le droit du gouvernement d’imposer le paiement des impôts et taxes.

Plus de trois quarts (77%) des adultes Sénégalais estiment qu’il est « difficile » ou « très difficile » de se renseigner sur les impôts et taxes qu’ils sont tenus de payer au gouvernement. Encore plus (86%) affirment qu’il est difficile de se renseigner sur la manière dont le gouvernement utilise les recettes fiscales.

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La majorité (56%) des citoyens sont d’avis que les autorités ont toujours le droit d’imposer des impôts et taxes aux citoyens. Cependant, la proportion de citoyens qui désapprouvent la légitimité de l’impôt a plus que doublé, passant de 15% en 2013 à 38% en 2021. Près de la moitié (48%) des citoyens jugent que le montant d’impôts que les gens ordinaires sont tenus de payer est trop élevé. En revanche, la majorité (54%) pensent que les riches paient trop peu.

Huit répondants sur 10 (79%) pensent qu’il est équitable d'imposer aux riches un taux d’impôts plus élevé que celui des gens ordinaires de sorte à financer des programmes en faveur des pauvres. ▪ Plus de six Sénégalais sur 10 (62%) affirment que les gens évitent « souvent » ou « toujours » de payer les impôts et taxes qu’ils doivent à l’Etat.

Quatre citoyens sur 10 environ estiment que la « plupart » ou « tous » les agents des impôts (38%) et les inspecteurs et contrôleurs dans les services de douanes, impôts et domaines, et trésor (43%) sont corrompus. ▪ Moins de la moitié (46%) des Sénégalais font « partiellement » ou « beaucoup » confiance à l’administration fiscale.

Des majorités des Sénégalais accepteraient de payer davantage d’impôts afin de soutenir des programmes au profit des jeunes (58%), de recevoir de meilleurs services publics (51%) et de financer le développement du pays sur fonds propres au lieu des prêts extérieurs (79%). Plus de six adultes sur 10 (63%) s’accordent sur le fait que les impôts collectés par l’Etat servent à améliorer le bien-être des citoyens.

Plus de trois quarts (77%) des adultes Sénégalais, de par leur expérience, trouvent qu’il est « difficile » ou « très difficile » pour les citoyens de se renseigner sur les impôts et taxes qu’ils sont tenus de payer. Également, une plus grande majorité (86%) estiment qu’il est difficile voire très difficile de se renseigner sur la manière dont le gouvernement utilise les recettes fiscales (Figure 1).

Concernant la difficulté à se renseigner sur les impôts à payer, on ne note pas de différence significative suivant le milieu de résidence, le sexe, le niveau d’éducation et l’âge. Toutefois, il existe une légère différence entre les plus nantis (70%) et les citoyens ayant vécu une plus forte pauvreté (79%-80%). De plus, suivant la zone géographique, c’est parmi les habitants de la zone Nord1 (85%) qu’on retrouve la plus grande proportion de personnes qui signalent cette difficulté (Figure 2).

Par ailleurs, l’accès difficile aux informations relatives à l’utilisation des recettes fiscales est assez uniformément distribué à travers les groupes socio-démographiques, même s’il est légèrement plus difficile pour les citoyens habitants la zone Nord (94%) et relativement moins difficile pour les plus nantis (82%).

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