Le spectre d’une paralysie totale du Bac 2025
À une semaine du démarrage des épreuves du baccalauréat 2025, la grève du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) menace de perturber l’organisation des épreuves. Le Saes, qui dénonce l’inapplication d’un décret visant à réparer une injustice envers les veuves et orphelins d’enseignants, n’écarte pas de boycotter l’organisation du Bac s’il n’obtient gain de cause.
3 jours de grève les 24, 25 et 26 juin
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Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) a décrété trois jours de grève, les 24, 25 et 26 juin. En cause : une injustice vieille de plusieurs années et un décret présidentiel resté lettre morte, malgré les espoirs qu’il avait suscités. Aujourd’hui, la principale revendication du Saes concerne l’application effective d’un décret présidentiel signé le 7 mars dernier. Ce texte vise à rétablir les droits des veuves et orphelins d’enseignants décédés, conformément aux dispositions de la loi 81-52 sur le code des pensions, rapporte L'OBS.
« Ce décret devait enfin mettre fin à une injustice qui, depuis 2018, prive des familles entières de la moitié de la pension légale à laquelle elles ont droit. Mais trois mois après sa signature, rien n’a bougé », s’indigne David Célestin Faye, Secrétaire général du Saes repris par L'OBS. Selon le syndicat, le Fonds national de retraite (Fnr) refuse catégoriquement d’appliquer ce texte aux ayants droits actuels, estimant qu’il ne concerne que les cas à venir. Pour le Saes, cette posture est une forme de réécriture du droit, contraire à l’esprit même de la réforme.
Le miinstre Abdourahmane Diouf au banc des accusés
Le syndicat pointe également la passivité du ministre de l’Enseignement supérieur, Abdourahmane Diouf, accusé de ne pas avoir assuré le suivi technique et politique nécessaire. « Depuis plus de trois mois, nous avons alerté notre tutelle. C’était à elle d’engager des discussions sérieuses avec le ministère des Finances pour faire appliquer le décret. Rien n’a été fait. » Le Saes dénonce ainsi un manque de volonté politique, voire une forme de mépris institutionnalisé, entretenu depuis septembre 2024.
Vers un boycott de la présidence des jurys du Bac
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Aujourd’hui, les risques de paralysie du BAC sont réels. Pour le Saes, cette crise est aussi le fruit d’un protocole d’accord signé le 6 janvier 2023 et jamais respecté. « Un préavis de grève avait expiré depuis le 13 janvier 2025, sans qu’aucune rencontre sérieuse n’ait été tenue. On nous fait perdre du temps, volontairement ou par négligence», déplore le secrétaire général du Saes. Le syndicaliste regrette également l’inapplication des directives du Premier ministre, Ousmane Sonko, qui avait pourtant prôné l’ouverture de dialogues sectoriels dans un esprit de responsabilité et de transparence.
Parmi les revendications toujours en suspens : le recrutement massif d’enseignants, l’achèvement des chantiers universitaires, la revalorisation du budget de la recherche, et surtout une meilleure gouvernance du secteur. Face à l’inertie des autorités, le Saes envisage désormais un boycott pur et simple du Bac. «Nous n’excluons pas de boycotter la présidence des jurys du baccalauréat 2025, si l’Etat ne règle pas cette question», prévient David Célestin Faye.