L'exploitation sexuelle dans les sites d'orpaillage de la région de Kédougou prend des proportions inquiétantes. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un réseau d’exploitation sexuelle ne soit démantelé. Le dernier en date remonte à ce lundi, au village de Mouran, dans le département de Saraya. Une proxénète nigériane âgée de 37 ans est tombée dans les filets de l’Antenne régionale de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées de Kédougou.
Le mécanisme était bien huilé
L'OBS dévoile le modus operandi de la proxénète nigériane. Elle achetait des filles d’origine sociale modeste via un réseau de traite de personnes pour ensuite les livrer à la prostitution sur les sites d’orpaillage.. La dame avait versé 2 millions de FCfa à un de ses complices de même nationalité pour le convoyage de quatre filles via Cotonou, Lomé et Bamako. Des jeunes filles à la fleur de l’âge à qui on faisait miroiter un départ en Europe, avec transit au Sénégal. Ici, elles devaient être hébergées à Kédougou par une patronne de restaurant et de salon de coiffure, le temps d’organiser le départ définitif vers les côtes occidentales.
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Mais avant le périple, chacune des quatre filles devaient jurer fidélité au réseau. Un autel fut investi, un sacrifice opéré, les filles ont juré de ne jamais trahir. La première escale à Cotonou se passe bien pour le convoi, les quatre filles ont même eu le luxe de se faire offrir de nouveaux habits à la mode. Le lendemain, l’odyssée s’arrête à Lomé avec toujours le même manège. Les filles dorment à l’hôtel et s’offrent une petite virée shopping. Tout est mis en œuvre pour endormir leurs suspicions. Le surlendemain, cap sur Bamako où le convoyeur appelle la proxénète pour accueillir le convoi à Mouran, la destination finale. Mais en lieu et place de villas cossues, les filles logent dans des taudis, à proximité des sites d’orpaillage. Là, commence leur calvaire qui dure le temps d’une petite rébellion.
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Lasses des nombreuses exactions dont elles sont victimes de la part de leur maîtresse, l’une des filles finit par vendre la mèche et les limiers entrent dans la danse. Arrêtée, la proxénète avoue en expliquant en détail son business. Elle déclare avoir acheté chaque fille à 500 000 FCfa auprès d’un de ses collaborateurs et compatriotes qui l’a aidée à confectionner les documents administratifs. Des aveux confirmés par les jeunes filles qui devront la rembourser chacune 500 000 FCfa des frais qu’elle aurait engagés pour leur venue au Sénégal. A l’issue de l’enquête, la proxénète a été déférée, mercredi, devant le Procureur près le Tribunal de grande instance de Kédougou. Elle sera jugée le 2 mai prochain. Quant aux jeunes filles, elles ont été prises en charge par l’Ong La lumière.