L’heure de la réorganisation a sonné. Moins de deux ans après l’arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye, un remaniement ministériel se dessine en haut lieu. Le signal fort est venu avec la présentation du PRES 2025-2028, un plan d’envergure doté d’une enveloppe de plus de 5 600 milliards de francs CFA. Ce programme ambitieux exige, selon plusieurs analystes, une équipe de pilotage plus resserrée, compétente et capable de relever les défis économiques et sociaux qui s’amoncellent. Depuis plusieurs semaines, les indiscrétions se multiplient dans les arcanes du pouvoir. Selon plusieurs sources concordantes, la composition du premier gouvernement dirigé par Ousmane Sonko est appelée à évoluer. Il ne s’agit pas d’un simple ajustement, mais d’une véritable recomposition. « Il faut une équipe qui impulse tout en redressant. Ce n’est plus le temps des diagnostics, mais celui de l’action », martèle le journaliste Assane Samb dans les colonnes de L’Observateur.
Une priorité : des technocrates aux manettes
Le mot d’ordre semble clair : placer la compétence au-dessus des considérations politiques. Selon les observateurs, il faut privilégier les profils technocratiques, expérimentés, capables d'agir vite et efficacement. « Dans plusieurs ministères, les politiques ont montré leurs limites. Il faut des gens formés à la rigueur de l’action publique », insiste Assane Samb. Le changement attendu devrait aussi concerner la structure même du gouvernement. Un attelage plus restreint est envisagé, en cohérence avec la volonté affichée de sobriété dans la gestion des ressources de l’État. « Un gouvernement ramassé serait plus cohérent avec les engagements pris par les nouvelles autorités », ajoute-t-il.
)
Une diplomatie économique à réinventer
Autre pilier de cette refonte , la diplomatie. Sur ce terrain, les critiques fusent quant au manque d’anticipation et de stratégie globale. Le Sénégal peine encore à projeter efficacement sa politique économique à l’international. « Il faut revoir le profil de nos diplomates. On a besoin d’ambassadeurs capables de vendre le PRES à Pékin, à Bruxelles ou à Washington », plaide Assane Samb, soulignant la nécessité d’une diplomatie d’influence, résolument tournée vers le développement.
LIRE AUSSI : https://www.pulse.sn/articles/news/ousmane-sonko-tient-son-remaniement-2025080112130767080
Des ministères régaliens à sanctuariser
)
Dans le débat, certains militants de Pastef appellent à ce que des portefeuilles régaliens tels que la Justice ou l’Intérieur reviennent à des cadres du parti. Une idée rejetée par plusieurs analystes qui y voient une erreur stratégique. « Il faut préserver ces ministères du militantisme, pour ne pas rompre les équilibres institutionnels », avertit Assane Samb. Confier ces postes sensibles à des personnalités non partisanes contribuerait à maintenir une forme de neutralité essentielle, dans un contexte où les tensions politiques et sociales restent vives.
Les technocrates de terrain : un profil recherché
Pour Mamadou Sy Albert, analyste politique, le Sénégal ne manque pas de diplômés, mais de véritables technocrates de terrain. « Ce ne sont pas les CV qu’il faut empiler, mais des hommes et femmes connectés aux réalités locales, capables de comprendre la vie chère, la décentralisation, les enjeux des territoires. » Il insiste notamment sur la nécessité d’une connaissance approfondie du développement local, en cohérence avec la territorialisation du PRES.
En somme, ce remaniement s’annonce crucial pour le futur immédiat du Sénégal. Au-delà des noms, c’est l’esprit du gouvernement qui est attendu ? une équipe stratégique, sobre et efficace, capable de transformer les ambitions du Plan de redressement en actions concrètes. Le pays est à un tournant. Et cette fois, c’est la compétence, plus que la loyauté partisane, qui devra primer.