Contestation politique : aux origines du M23 !

Ce jeudi 23 juin marque les 11 ans du Mouvement du 23 Juin. Cette coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile créée en 2011 s’était mobilisée contre la candidature du président Abdoulaye Wade pour un troisième mandat en 2012.

Mouvement 23 juin

« Touche pas à ma constitution », c’était l’un des slogans du Mouvement du 23-Juin. Après des manifestations monstres et face à la révolte populaire, Abdoulaye Wade renonçait in extremis à son projet de réforme constitutionnelle. En mars 2012, Macky Sall remportait la présidentielle.

Ce 23 juin 2011 a marqué un tournant décisif dans l'histoire politique du Sénégal. En 2011, le président sortant d’alors, Me Abdoulaye Wade, dont la candidature pour un troisième mandat avait fait l'objet de vives contestations au sein de la classe politique et de l’opinion publique nationale avait cru introduire un projet de loi qui lui aurait assuré sa réélection et en même temps aurait balisé le terrain à une succession vraisemblablement dynastique à la tête de l'Etat. C'est ainsi que le 15 juin 2011, il convoque en son Palais Pape Diop et Mamadou Seck respectivement président du Sénat et de l’Assemblée nationale de l'époque.

M23, un appel à la résistance !

Le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, le directeur de cabinet du Président, Habib Sy, et le secrétaire général de la Présidence, M. Diakaria Diaw. Objet de cette convocation : leur fait part de sa volonté d’introduire un projet de loi instituant un ticket, c’est-à-dire une élection simultanée, sur une même liste, au suffrage universel du président et du vice-président de la République.

Selon le souhait de Wade qu’il voulait traduire à travers une loi, il suffirait à l'une des listes en lice de recueillir au premier tour 25 % des suffrages exprimés (et non désinscrits) pour l'emporter. Un second tour ne serait organisé que si aucun des "tickets" ne parvenait à remporter ce "quart bloquant". Un président pourrait donc être élu avec une très faible assise populaire.

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Aussitôt les choses s'emballent et le président Wade lance la mécanique de la dévolution monarchique du pouvoir. Dès le lendemain du conclave tenu en son Palais, c’est-à-dire le 16juin, le texte scélérat est examiné et adopté en Conseil des ministres. Le 20 juin, après la décision d'examiner et d'adopter la loi en procédure d'urgence, les partis politiques de l'opposition, la société civile et les citoyens soucieux du respect du choix démocratique sacralisé dans la Charte fondamentale commencent à se soulever contre ce qu'ils appellent un coup d'Etat constitutionnel. Les forces de sécurité et de défense sont mises en alerte maximale le 21 juin.

D’ailleurs, Macky Sall, un des acteurs majeurs du M23 en termes de participation financière et de réflexion stratégique, avait assuré après son sacre présidentiel en 2012 que ledit mouvement allait continuer à assurer sa mission d’alerte et de veille en cas de tentative de violation de la Constitution ou jouer le rôle de médiateur-régulateur en cas de différend entre le pouvoir et l’opposition. Il avait même promis de le doter d’un siège et d’un appui financier pour faire face à ses éventuelles charges.

La jeunesse sénégalaise au cœur du combat !

La date du 23 juin apparaît rétrospectivement comme le catalyseur de l’union sacrée contre la « dé-démocratisation », une fronde qui va mettre le pays en ébullition. Le retrait du projet de loi, sous la pression de la rue, loin de briser l’élan protestataire, creuse la brèche dans laquelle vont s’engouffrer les opposants.

Le M23 est créé, qui désormais conteste la légalité de la candidature du chef de l’État pour un troisième mandat. La sensibilité contestataire, exacerbée par les aberrations politiques et les scandales financiers, sonne l’alerte et bat le rappel de la mobilisation (daas fanaanal), littéralement « aiguiser les couteaux » pour s’en servir le lendemain, c’est-à-dire fourbir les armes, ce qui, dans le contexte, est un appel à se tenir prêt, donc à se prémunir en s’inscrivant sur les listes électorales, un signal de mobilisation.

La force de résistance est d’abord physique : il s’agit avant tout d’occuper un espace, de camper sur ses positions, de refuser de se faire déloger, ce qui induit le cycle répression-résistance qui renforce l’indignation et la détermination des manifestants. Les incidents survenus avec la police et les morts qu’ils ont engendrés s’inscrivent dans cette matrice.

Le mouvement s’est identifié à une date, le 23 juin, et doit sa prégnance à une place, la place de la nation ex-Obélisque, du nom du monument qui surplombe cette place où est rituellement célébrée l’indépendance nationale et qui symbolise la permanence et la fixité des idéaux et des institutions. Le mouvement s’est articulé aux médias et a bénéficié de la puissance d’amplification par les télévisions qui ont diffusé les scènes d’émeutes en boucle. Les réseaux sociaux, comme instruments de mobilisation et banque d’informations, n’ont pas été en reste.

La plate-forme dite « de lutte des forces vives de la Nation » ou « F24 » a été lancée dimanche 16 avril par plus d’une centaine de signataires : partis politiques d’opposition, organisations de la société civile, syndicats ou personnalités indépendantes. Cette coalition s’oppose notamment à une éventuelle candidature du président Macky Sall pour un 3e mandat en vue de l’élection présidentielle prévue en février 2024. Le « F24 » est-il le nouveau « M23 », ce « mouvement du 23 juin » qui avait lutté contre un 3e mandat de l’ex-président Abdoulaye Wade ?

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