Corruption en Afrique : le rapport accablant d'Amnesty International

À l’occasion de la journée africaine de lutte contre la corruption célébrée ce mardi, Amnesty International a publié un rapport sur la situation dans 19 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.

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Dans un nouveau rapport publié mardi 11 juillet 2023, Amnesty International met en cause la responsabilité des États d’Afrique de l’ouest et du centre sur le niveau de corruption alarmant dans ces régions. L’organisation a profité de la Journée africaine de lutte contre la corruption et du vingtième anniversaire de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption pour appeler les autorités de ces pays à « cesser de persécuter » les défenseurs des droits humains qui dénoncent la corruption, les pots-de-vin et les abus de pouvoir.

  • 19 pays africains, dont le Sénégal, épinglés

Amnesty International relève que « dans 19 pays » de ces régions, surtout au Niger, au Togo et au Cameroun, les militants qui combattent la corruption risquent des arrestations, du harcèlement, des placements en détention, de lourdes amendes et même la mort en dénonçant ces agissements. D’autres font l’objet de procès et de poursuites pénales, en violation de leur droit à la liberté d’expression.

Sur 19 pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, 31 cas de répression à l'encontre des défenseurs des Droits de l'homme luttant contre la corruption ont été répertoriés par Amnesty International. Ils sont pour la plupart journalistes, activistes, blogueurs ou tout simplement lanceurs d'alerte. Ces acteurs sont victimes d'intimidation, de harcèlement de la part des autorités de pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, selon Amnesty. Toujours pour faire taire ces défenseurs anticorruption, les États utilisent "des outils et tactiques qui portent atteinte à leurs droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique".

  • Le cas de Boubacar Sèye de HSF
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En outre, l'instrument judiciaire est mis en branle et ces derniers sont poursuivis, la plupart du temps, pour "diffamation" ou "diffusion de fausses nouvelles". Au Sénégal, Boubacar Sèye de Horizon sans frontières a été donné en exemple. Ce dernier avait été arrêté le 15 janvier 2020 à l’aéroport Blaise Diagne et inculpé depuis pour “diffusion de fausses nouvelles”. Cette arrestation faisait suite à une demande de reddition des comptes sur l’utilisation des fonds de l’Union européenne pour lutter contre la migration irrégulière au Sénégal, dans un entretien avec un journal en octobre 2020.

Boubacar Sèye a eu, par contre, plus de chance, comparaison faite à d'autres qui sont victimes d'attaques physiques. Amnesty en veut pour preuve l'assassinat d'Ahmed Hussein-Sualze Divela et Martinez Zogo au Ghana et Jean-Jacques Ola Bébé au Cameroun. Tous des journalistes, Amnesty informe que "des acteurs étatiques et non étatiques seraient impliqués dans au moins deux de ces homicides".

"Nous sommes partis du constat que la corruption dans notre région, mais plus généralement en Afrique, a un impact réel et particulièrement néfaste sur la question des droits humains. La corruption prive les individus de la possibilité de bénéficier des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Elle impacte aussi sur le droit au développement ou encore le droit à un environnement sain. La corruption, c'est aussi un facteur qui limite, voire prive les individus de leur droit à bénéficier d'un procès équitable, de leur droit à ne pas être soumis à des actes de torture et c'est aussi un phénomène qui conduit à des situations discriminatoires lorsqu'il s'agit de pouvoir bénéficier d'accès aux services sociaux de base", a expliqué Samira Daouda, directrice du bureau Afrique de l'Ouest et du Centre.

De ce fait, Amnesty a jugé nécessaire de s'investir pour la protection de ceux qui s'engagent dans la lutte contre la corruption. Cette protection devrait, entre autres, passer par la mise en place d'un cadre juridique adéquat. Ce qui n'est pas encore le cas dans bon nombre de pays de la zone Ouest et Centre de l'Afrique. Rares sont les pays qui ont, par exemple, adopté une loi de l'accès à l'information.

Et même dans ces pays, "les frais à payer pour obtenir ces informations et l’idée reçue selon laquelle ces lois sont destinées uniquement aux journalistes restent un frein à leur application", regrette Amnesty. Sans compter avec la culture de l'impunité qui sévit dans la région en plus "des lois répressives pour restreindre l’exercice des droits fondamentaux et utiliser des lois existantes pour faire taire les voix critiques, y compris les lanceurs et lanceuses d’alerte qui jouent un rôle crucial en signalant ces agissements".

"Amnesty International appelle les États à adopter et à améliorer les lois qui protégeraient ces défenseur·e·s des droits humains contre les représailles et créeraient un environnement au sein duquel ils et elles pourraient enquêter et faire des rapports en toute sécurité sur la corruption et ses implications en matière de droits humains. Actuellement, seuls la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger ont adopté des lois sur la protection des défenseur·e·s des droits humains, et seul le Ghana possède une législation visant spécifiquement à protéger les lanceurs et lanceuses d’alerte", conclut-elle.

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