Confessions d'épouses de jihadistes sénégalais tués en Libye

Cinq femmes sénégalaises, dont les époux combattants de DAESH tués en Libye pour le compte de l’Etat islamique (Daesh) en Libye, se sont livrées à des confidences bouleversantes.

Epouses de jihadistes (image d'illustration)

Déférées hier au parquet par la Division des investigations criminelles (Dic), des veuves de jihadistes sénégalais morts en Lybie ont fait des confessions glaçantes aux enquêteurs de la Dic. Il s'agit d'Aïssata Bâ, Fatoumata Cissokho, Abibatou Mbaye, Aïssatou Faye Dia et Marième Diop séjournaient en Libye depuis 2014 aux côtés de leurs époux combattants de l’Etat islamique Daesh. Des confidences rapportées par L'Observateur.

AÏssatou Bâ est affiliée au mouvement «Ibadourahmane», membre active de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal. Disciple de l'imam Mahdi dont le Prophète avait prédit la venue, elle déclare avoir été enrôlée à partir d’un forum islamique en ligne (basé à Syrte-Libye) animé par des sunnites pour rejoindre les combattants de l’Imam Mahdi dans leur guerre contre l’Antéchrist.

Et c’est en Libye qu’elle a fait la connaissance de Abdourahmane Dia, un Franco-sénégalais. Dans son intime conviction, le Jihad est une obligation pour tout musulman, lorsque sa religion est menacée, avant d'accuser les Occidentaux d'être les véritables terroristes et auteurs de l'insécurité en Afrique, notamment en Libye.

Aïssatou Ba explique que son enthousiasme à la doctrine sur l'imam Mahdi l'a poussée à entreprendre un voyage en Syrie. De même, elle a avoué qu'elle partage l’idéologie de Daesh qui n'est pas une organisation terroriste. Elle la considère comme une organisation qui s'active pour l'instauration d'une société islamique dans laquelle la «Charia» est appliquée sous l'autorité d'un seul Califat.

Son voyage en Syrie avait pour but de répondre à l'appel d'Imam Mahdi. Elle a également levé un coin du voile sur les préparatifs du voyage qui s’est tenu au domicile de Cheikh Abdallah BA à la Médina, en présence du Franco-sénégalais, Abdourahmane Dia et Sidy Sarr. Une rencontre au cours de laquelle, un itinéraire pour rejoindre la Syrie a été tracé via la Libye.

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Malheureusement, elle ne rejoindra jamais la Syrie. Car, Abou Bakr Al-Baghdadi, Chef de l'Etat islamique, avait ordonné à ses représentants en Libye, de retenir tout le monde sur place, pour diminuer les risques d'infiltration dans l'organisation mère. Durant leur séjour en Libye, elle a précisé que les femmes ne participaient pas au combat, leurs activités se limitaient à l'apprentissage du Coran et aux tâches ménagères.

Elle a souligné que tous les hommes sénégalais étaient des combattants. Ils portaient des tenues de combat et se rendaient tout le temps sur les théâtres d'opération avec leurs fusils de type kalachnikov, après une formation militaire préalable, d'une durée de deux mois.

Aïssatou Faye Dia tombe sur le mari de ses rêves, un «Ibadourahmane» pour l’apprentissage de sa religion. Toutefois, elle dit être contre le Jihadisme pratiqué par les organisations dites terroristes, même si son mari approuve leurs méthodes. Aïssatou Faye Dia est arrivée en Libye en août 2015, en compagnie de son mari, Babacar Guèye et de ses trois enfants, en empruntant le même itinéraire du groupe dirigé par Sidy Sarr.

Elle confie que son mari est un jihadiste pur et dur depuis son retour du Soudan en 2011 et qu'il avait même combattu en 2014 aux côtés de Boko Haram au Nigeria. Elle croyait partir en vacances en Libye avant de revenir rejoindre son poste d’enseignante. Elle dit avoir été trompée par son mari. Durant son séjour en Libye, elle constate qu’elle vivait en prison dans son propre foyer pour n'avoir jamais franchi la porte de son appartement.

Fatoumata Cissokho, membre de l’Association des élèves musulmans de son Lycée, ne ratait aucune conférence religieuse de son établissement pour mieux comprendre sa religion. Elle aussi est contre le Jihadisme qu’elle juge contraire à l’Islam. Fatoumata Cissokho a déclaré avoir voyagé en Libye avec son mari, Cheikh Mbaye et ses deux enfants durant l'été 2015.

Elle explique que son mari lui avait parlé de son projet de chercher du travail dans ce pays et de rallier l'Europe quelque temps après. Une fois en Libye, elle a renseigné qu'elle vivait dans une localité dénommée Nofilia avec son mari qui y exerçait le métier de menuiserie aluminium pendant quatre mois, auprès du couple libyen qui les avait logés dans un hôtel.

Contre toute attente, elle note que son mari est venu un jour, lui notifier sa décision de déménager à Syrte où la guerre venait d'éclater, en vue de combattre dans les rangs de Daesh. C'est ce jour qu’elle a découvert ses intentions Jihadistes. Malgré son refus catégorique, elle déclare avoir été contrainte d'y aller car son mari avait juré de partir avec ses enfants à Syrte.

Abibatou Mbaye, issue d’une famille d’obédience Tidiane, dit avoir rejoint le mouvement «Ibadourahmane» sous l’influence de son mari. Abibatou Mbaye dit être arrivée en Libye en 2015, en compagnie de son mari Abdallah Dièye et de ses quatre enfants.

Elle a prétendu que son mari lui avait fait croire que leur destination était le Maroc, à la recherche du travail. Elle a expliqué n'avoir rien flairé car au moment des escales, elle ne pouvait pas comprendre les langues locales et une fois en Libye, son mari ne parlait que l'arabe avec ses interlocuteurs.

Elle dit n’être jamais sortie de son appartement, conformément aux injonctions de son mari, lequel recevait de ses amis libyens tout ce dont la famille avait besoin. D'après elle, c'est un Libyen du nom d'Abou Omar qui lui a finalement dit toute la vérité au moment de l’annonce de la mort de son mari au combat, après des mois sans nouvelle.

Marème Diop, de son côté, est issue d’une famille maure. Elle déclare avoir intégré le mouvement «Ibadourahmane» sur orientation de son mari. Elle déclare avoir commencé à effectuer les prières et la lecture du Coran à la prison.

Pour elle, le Jihad doit être décidé par l’autorité suprême des musulmans. Elle soutient que son mari est mort par suicide, car le Jihad qu’il menait en Libye, y laisser sa vie n’a rien à voir avec l’Islam. Marième Diop souligne n'être affiliée à aucune organisation terroriste et n'avoir jamais su que le projet du voyage était de se rendre en Syrie en passant par la Libye.

Elle dit être partie en Libye avec ses trois enfants sur décision de son mari. Ce dernier ne lui avait jamais parlé des motifs du voyage. C'est une fois en Libye, qu'elle a découvert les motivations Jihadistes de son mari. Elle précise n'avoir mené aucune activité liée au Jihad durant son séjour.

La nommée Aïssatou Bâ soutient que la communauté sénégalaise partie en Libye pour le Jihad, était sous l'autorité de Moustapha Diop alias Abou Khadim, Gouverneur de la Ville de Nofilia pour le compte de l'organisation terroriste Daesh.

Ibrahima Ba est le chargé de la communication des combattants sénégalais via le réseau social Facebook. Aïssatou Faye Dia mentionne aussi la présence d’autres Sénégalaises en Libye, dont Awa Camara, Ma Aïcha, Hajara et Ndèye Sy.

Aïssatou Dia Faye et Abibatou Mbaye ont perdu respectivement trois (03) et un (01) enfants dans les mêmes circonstances.

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