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Enfants victimes d'AVC : 130 cas enregistrés à l'hôpital Albert Royer

Rien qu’à l’hôpital Albert Royer, 130 enfants victimes d'AVC recensés sur les trois ans.
Hopital Albert Royer
Hopital Albert Royer

Quand il est question d'accidents vasculaires cérébraux (AVC), on pense généralement aux adultes, notamment aux personnes âgées. Mais les plus jeunes ne sont pas épargnés: des centaines d'enfants sont en effet victime d'un AVC.

« 130 cas sur les trois ans à l’hôpital Albert Royer »

« Contrairement à une idée largement répandue, l’accident vasculaire cérébral n’est pas l’apanage de la personne adulte et âgée. On en voit beaucoup en pédiatrie. C’est un taux largement sous-estimé, parce que la plupart des enfants ne viennent pas à temps. Mais, c’est une réalité », renseigne le docteur Moustapha Ndiaye, neuropédiatre à l’hôpital Albert Royer, interrogé par L'OBS.

« Même si nous n’avons pas de chiffre à l’échelle globale, rien qu’à l’hôpital Albert Royer, nous avons eu à recenser 130 cas sur les trois ans. C’est considérable. Car, la majorité des enfants n’arrivent pas à nous », assure le spécialiste. Les causes de cette pathologie sont multiples.

«Mais, dans la plupart des pays en Afrique, au Sud du Sahara, et au Sénégal particulièrement, il y a trois principales causes. La première, c’est la drépanocytose, la deuxième, les cardiopathies (les maladies du cœur), la troisième, les infections », indique docteur Ndiaye. La situation est beaucoup plus alarmante si l’on sait que dans la population noire africaine d’une manière générale, il y a entre 10 et 30% qui ont le trait drépanocytaire », explique le docteur.

Une étude multicentrique, rétrospective dans les services de pédiatrie des centres hospitalo-universitaires de Dakar (Fann, Diamniadio et Albert Royer) entre Janvier 2005 et Janvier 2020 recense des enfants âgés de 2 mois à 18 ans.

Il a été colligé 240 cas d’accident vasculaire cérébral dont 201 cas d’ischémie et 39 cas d’hémorragie. La moyenne d’âge était de 60 mois. Les manifestations cliniques étaient dominées par l’hémiplégie (33,33%) et les signes d’hypertension intracrânienne (20,51%) pour les AVCH.

Dans les AVCI, elles étaient dominées par l’hémiplégie (79,60%) et les crises convulsives 18,05%. L’artère cérébrale moyenne était la plus touchée (63,68%) dans les infarctus. Les atteintes hémorragiques sus tentorielles représentaient 94,8% et 5,12% pour les atteintes sous tentorielles. Les étiologies principales étaient la drépanocytose et les cardiopathies pour les AVCI et malformations vasculaires pour les AVCH, renseigne l'étude parcourue par Pulse.sn.

Les étiologies identifiées dans les infarctus cérébraux étaient la drépanocytose SS (41,3%), les cardiopathies (11%), les méningo-encéphalites (9%) et l’anémie (7%). L’âge moyen de survenue de l’AVCI chez les drépanocytaires SS était de 5,3 ans (extrêmes 20 mois et 15 ans).

Tous les patients drépanocytaires SS avaient une anémie normochrome normocytaire (89,8%) ou hypochrome microcytaire (10,2). La drépanocytose a été révélée par l’AVCI chez 54 patients (61,4%) alors que 34 patients (38,6%) étaient connus et suivis pour drépanocytose au moment de la survenue de l’AVC.

Chez 22 enfants drépanocytaires SS, des ischémies multiples d’âges différents ont été notées. Les cardiopathies emboligènes (Tableau 7) étaient congénitales (10 cas) ou acquises (12 cas) et représentaient la deuxième cause d’AVCI de l’enfant. L’âge moyen de survenue de l’AVCI était de 72 mois (extrêmes de 23 mois et 168 mois).

Deux patients avaient des signes d’insuffisance cardiaque droite avec un reflux hépato-jugulaire et une hépatomégalie. Dix-huit cas de méningoencéphalites ont été diagnostiqués et représentaient la troisième cause d’AVCI de l’enfant.

Il s’agissait de 2 cas de tuberculose neuro-méningée dont un sur terrain de VIH1, un cas de méningite à Cryptococcus neoformans sur terrain de VIH1, un cas de pneumocoque et 14 cas de méningoencéphalite d’étiologie indéterminée dont 7 cas sur terrain de VIH1. L’anémie hypochrome microcytaire (13 cas) ou normochrome normocytaire (1 cas) était relativement fréquente.

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