L'enquête sur l’affaire des dépôts à terme (Dat) cassés et non reversés au Trésor public d’un montant de 141 087 194 249 F Cfa révélée par le rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques 2019-2024 se poursuit. Dans le référé transmis au ministre de la Justice, Ousmane Diagne, tous les ministres et les ministres délégués chargés des finances, dont Amadou Ba, ex ministre des Finances sont concernés. C’est le montant vertigineux de 141 087 194 249 F Cfa qui est mis en cause. Aux côtés de Amadou Ba, figure le nom de l'ex ministre Birima Mangara.
Les deux lettres signés par Mangara
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L’actuel député de la quinzième législature a occupé les fonctions de ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, des Finances et du Plan entre 2014 et 2019. Il avait alors pour mission la conduite de l'élaboration et de la mise en œuvre du Budget du Sénégal, un poste clé dans l'architecture financière du pays, à la frontière entre la prévision comptable et l'engagement politique. Dans le document transmis aux enquêteurs de la Division des investigations criminelles une pièce attire l'attention. Selon des informations de L'Observateur, le ministre délégué cité dans le référé n'est autre que Birima Mangara.Il y est écrit, noir sur blanc, que c’est par lettre N°004459MEFP/DGCPT/TG de M. Birima Mangara, ministre délégué auprès du ministre de l'Économie et des Finances, chargé du Budget que 10 milliards 500 millions de FCfa ont été placés en Dépôt à terme (Dat) à la banque Crédit du Sénégal (Cds).
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Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Selon les magistrats de la Cour des comptes, le DAT a été cassé, c'est-à-dire retiré avant terme. Une zone d'ombre de plus dans ce dossier qui prend l'allure d'un puits sans fond. La Cour va plus loin. Elle évoque une deuxième correspondance, lettre n°7056 MEFP/DGB du 12 juillet 2017, encore signée par Birima Mangara. Elle ordonnait, cette fois, à la banque le virement de 10 milliards de FCfa à la Conciliation foncière de l'Uemoa. Sans qu'aucune précision ne soit apportée sur les motivations ou la légalité de l'opération. Cet acte, au cœur des interrogations actuelles, place l'ancien ministre Birima Mangara au cœur des enquêtes. Il devra s'en expliquer devant les enquêteurs, tout comme Amadou Ba, son ministre de tutelle à l'époque, lui aussi désormais rattrapé par le tourbillon du dossier explosif des Dat
Dans les arcanes de ce scandale budgétaire présumé aux allures de gouffre sans fond, la traque par la Cour des comptes des Dépôts à terme (Dat) non reversés a atteint le chiffre vertigineux de 141 087 194 249 de FCfa. Une somme colossale clairement mentionnée dans le rapport de la Cour des comptes, accessible en ligne. Et, Derrière cette somme astronomique, les magistrats de la Cour des comptes pointent un mécanisme bien huilé : la casse de tous les dépôts à terme. Autrement dit, retirés avant leur échéance contractuelle, sans que les fonds ne soient reversés dans les caisses du Trésor public. Une rupture entre la règle et la réalité, comme si les coffres de l'Etat étaient devenus des girons privés.
Dans cette affaire, plusieurs noms émergent désormais, pesants de par leurs fonctions à l'époque. Aux côtés du ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, il y a également Cheikh Tidiane Diop, alors Secrétaire général du ministère, nommé ensuite Directeur général du Trésor et de la comptabilité publique. Nouvelle figure évoquée dans les coulisses de l'enquête : Birima Mangara, alors ministre délégué chargé du Budget, dont la convocation devant la Division des investigations criminelles semble inévitable, une fois «le dossier ouvert», selon une source judiciaire. Problème : entre-temps, Birima Mangara est devenu député et sa convocation ne peut avoir lieu sans la levée préalable de son immunité. Sauf si, dans un sursaut de volontarisme, l'intéressé décide de répondre à cette convocation de son propre chef