C’est l’un des plus vastes scandales d’escroquerie numérique qu’ait connu le Sénégal. 39 846 personnes y ont laissé des plumes, pour des pertes estimées à plusieurs milliards de francs CFA. À l’origine une plateforme frauduleuse baptisée "Seyp Sénégal", qui a réussi à bâtir un empire d’illusions en promettant des revenus journaliers contre le visionnage de vidéos en ligne. L’enquête, menée par la Division des investigations criminelles (DIC), a mis en lumière les rouages d’un réseau transnational bien structuré, impliquant des profils sénégalais, ivoiriens et chinois. Une première vague de mis en cause a été déférée devant le pool judiciaire financier, poursuivie pour association de malfaiteurs, escroquerie en ligne en bande organisée et blanchiment de capitaux.
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Des têtes bien connues dans le réseau
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Parmi les personnes mises en cause figurent Ibra Seck, instituteur à Rufisque, Aléle Dia, agente des Postes à Hann Maristes, et Mamadou Lamine Ndiaye, directeur d’école à Mbour. Tous ont joué un rôle actif dans la mise en place des centres "Seyp", captant et encadrant des centaines d’adhérents à travers des promesses de gains faciles. D’après l’enquête, Aléle Dia gérait un bureau à Hann Maristes sous couverture du groupe "Niola", mais sous la supervision d’un mystérieux profil nommé Zoé, identifié comme le cerveau de l'opération. Elle aurait recruté plus de 700 personnes, sans jamais percevoir de salaire selon ses déclarations, mais en assumant elle-même charges et installations.
Un système structuré autour d’une plateforme chinoise
Les fonds collectés transitaient par Sunutech, une entreprise domiciliée à la Cité Keur Gorgui, juridiquement liée à un ressortissant chinois, Xing Xiao. Cette société utilisait une API fournie par Connekta Sénégal, filiale ivoirienne, pour traiter les transactions. Ces circuits servaient à blanchir l’argent collecté, en le redistribuant via Wave ou Orange Money, et à brouiller les pistes des enquêteurs.
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Des chiffres effarants et des victimes flouées
À l’origine de l’affaire , une poignée de victimes ayant déposé plainte après avoir été incitées à verser des sommes croissantes (P1 à P9), sans jamais pouvoir retirer le moindre gain. Le système encourageait à recruter de nouveaux membres pour débloquer des “profits”, un mécanisme typique des pyramides de Ponzi. Les autorités ont identifié plusieurs comptes et numéros associés à la fraude, ainsi que des documents révélant la création de fausses entités juridiques pour couvrir les flux. L’enquête se poursuit pour déterminer l’ampleur exacte du préjudice et identifier les têtes dirigeantes de cette fraude à échelle nationale.