Ce qui devait être un voyage spirituel s’est transformé en cauchemar pour une quarantaine de candidats guinéens au pèlerinage à La Mecque. Ces fidèles, animés par la foi et l’espoir de fouler la terre sainte, affirment avoir été victimes d’une vaste escroquerie orchestrée par des individus leur promettant des places pour le hajj.
Finalement, pas de visas, pas de billets, et surtout, une désillusion profonde. Le dossier est arrivé à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) pour des fins d’enquêtes, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters. Selon des témoignages recueillis par notre reporter, les présumés arnaqueurs ont encaissé d’importantes sommes d’argent, tout en garantissant aux victimes leur départ imminent pour l’Arabie Saoudite.
Pourtant, le jour prévu pour l’embarquement à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry, les victimes ont été stupéfaites de découvrir que leurs passeports ne comportaient aucun visa. Plus troublant encore, leur destination annoncée n’était ni Djeddah, ni Médine, mais plutôt… la Côte d’Ivoire ou le Ghana.Alertées, les autorités ont orienté les plaignants et les présumés organisateurs vers la Direction de la Police Judiciaire (DPJ), où une enquête a été ouverte.Parmi les victimes, deux d’entre elles ont accepté de témoigner.
Alors que l’enquête suit son cours à la DPJ, les victimes réclament justice et interpellent les plus hautes autorités pour obtenir réparation ou un départ effectif vers les lieux saints. Une affaire qui soulève une fois de plus la question de la régulation des circuits d’organisation du pèlerinage en Guinée.
Oumou Mabadiba, commerçante et candidate au pèlerinage, raconte son calvaire à Guinée News : « Nous, on s’est inscrits pour le pèlerinage à La Mecque. Mais très malheureusement, ce sont des arnaqueurs que nous avons rencontrés. Moi, j’étais à Dakar. De là-bas, je suis venue à Conakry pour m’inscrire au pèlerinage. Je me suis adressée à Elhadj Aziz, que je connais depuis longtemps au marché de Madina. Je lui ai dit que je voulais m’inscrire pour le pèlerinage, tout en lui précisant que si son agence avait déjà clos sa liste, de laisser tomber. Mais il m’a fait savoir qu’il y avait d’autres agences qui avaient encore des places. Je lui ai demandé s’il faisait partie de ces agences-là, et il m’a répondu qu’il avait confiance en elles. Puis, il m’a demandé d’envoyer 57 millions 300 mille francs guinéens. Je suis allée à la maison, j’ai pris l’argent, et je suis retournée au marché de Madina. J’ai expliqué à une voisine avec qui je fais du commerce, et ensemble, nous sommes allées à Dixinn gare, où j’ai versé l’argent."
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Elee ajoute : "Après le versement, je demandais régulièrement à Elhadj Aziz des informations sur le programme du pèlerinage. Peu après, il m’a encore dit qu’il fallait ajouter 10 millions aux 57 millions 300 millions francs guinéens déjà versés. Je lui ai demandé si c’était lui qui avait augmenté le montant ou si cela venait du gouvernement. Je lui ai dit que l’État ne pouvait pas augmenter le montant de 10 millions, car il ne faisait payer que 54 millions de francs guinéens et quelques. Je lui ai demandé : comment avez-vous pu arriver à 65 millions ? Je lui ai dit que je ne pouvais pas payer plus. Si vous insistez pour que je paie ce montant, je vais porter plainte contre vous. Quand il a compris que j’étais sérieuse, il a finalement accepté le montant que j’avais initialement versé. À chaque fois, je lui demandais s’il avait fait le visa, car je sais que sans visa, on ne peut pas voyager. Et il me répondait toujours que c’était fait. Mais il s’est avéré que c’était totalement faux. Il ne l’a pas fait. Je doutais déjà de ses agissements. On est restés dans cette situation jusqu’à ce mardi, où ils nous ont dit d’aller à l’aéroport à 3h du matin."
"À cause de cela, je n’ai même pas pu passer la nuit chez moi. J’ai dormi chez d’autres personnes, car je ne pouvais pas quitter Sonfonia à 3h du matin pour aller à l’aéroport. Quand je lui ai demandé si je pouvais passer la nuit chez lui, il s’est mis à dire n’importe quoi. Finalement, je suis allée passer la nuit chez des connaissances. Quand j’ai demandé le visa et le billet, il m’a dit qu’il allait les envoyer directement à l’aéroport. Avec tout cela, j’ai dit que je ne crois plus à ce que fait ce monsieur. Tant que je ne suis pas arrivée à La Mecque, je ne crois plus en rien. Avant d’aller à l’aéroport, ils nous ont dit de dire que nous partions pour la Côte d’Ivoire ou le Ghana. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est que les autorités nous aident soit à voyager, soit à récupérer notre argent. Je demande au président Mamadi Doumbouya de nous aider à aller à La Mecque, ou bien de nous aider à récupérer notre argent. Nous, les femmes, nous sommes au nombre de 11 », a expliqué madame Oumou Mabadiba."