Les "tirailleurs africains" de Poutine
Le site ukrainien Babel.ua révèle que des mercenaires originaires d’au moins 48 pays ont été recrutés par l’armée russe. Parmi eux, précise le journal, 72 viendraient d’Afrique, principalement du Ghana (26), du Cameroun (10) et du Sénégal (8). Le rapport mentionne également 71 combattants venus du Moyen-Orient, notamment d’Égypte, d’Iran, d’Algérie et de Syrie. Tous ces étrangers auraient été enregistrés dans un unique centre de recrutement situé à Moscou, rue Yablochkova, selon la même source.
1300 mercenaires recrutés entre 2023 et 2024
Au total, ajoute Enquête, plus de 1 300 mercenaires étrangers auraient transité par ce centre entre avril 2023 et mai 2024, principalement en provenance d’Asie du Sud et de l’Est, de l’ex-URSS et d’Afrique. Certains ont été tués, capturés ou ont achevé leur service. L’enquête souligne enfin que la Russie recruterait souvent ces étrangers par tromperie, en leur promettant des emplois — une pratique qui se serait accentuée à la fin de l’année 2023.
Les dénonciations d’un recours immodéré aux mercenaires fusent des deux côtés de ladite ligne de front. Elles font partie du storytelling déployé par l’Ukraine, comme par la Russie. C’est peut-être pour affiner l’objectif propagandiste que le présumé sénégalais souligne, de façon ostentatoire, avoir été bien traité par les troupes ukrainiennes qui l’ont capturé.
Au moment où le projet de blitzkrieg russe en Ukraine s’est révélé une chimère, la question de la « chair à canon » est devenue un casse-tête pour le Kremlin qui a notamment enrôlé des combattants dans les unités pénitentiaires. Et Moscou de se tourner, selon l’Ukraine, vers des ressortissants étrangers. Il y a quelques semaines, Volodymyr Zelensky affirmait qu’au moins 155 Chinois combattaient aux côtés des soldats russes. Sans s’exprimer sur tel ou tel cas particulier, le ministère russe des Affaires intérieures reconnait que 3 344 étrangers sont allés se battre en Ukraine, avant de recevoir la nationalité russe.
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À l’instar du présumé Sénégalais capturé, les ressortissants ainsi enrôlés seraient souvent africains et notamment étudiants. Mi-avril, la presse togolaise évoquait le cas d’un dénommé « Dosseh Koulekpato », Togolais parti étudier la médecine, en Russie, et finalement lâché, sans grand soutien de la hiérarchie militaire russe, sur le front contre l’« opération militaire spéciale » de Vladimir Poutine, avant d’être fait prisonnier, blessé, par les Ukrainiens…
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Les autorités russes useraient de tactiques dilatoires pour attirer les Africains vulnérables dans leurs filets, notamment via la case « police ». Ils seraient plusieurs milliers – Camerounais, Centrafricains, Ivoiriens et donc Togolais ou Sénégalais – à avoir ainsi intégré les troupes de Moscou depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.