Hamidou Anne, docteur en sciences politiques et figure bien connue du débat intellectuel sénégalais, a vivement réagi à la visite d’Ousmane Sonko à la prison de Rebeuss. Dans une publication partagée sur ses réseaux sociaux, l’ancien conseiller en communication a estimé que ce déplacement relevait « davantage de la mise en scène politique que d’un véritable acte de solidarité institutionnelle ».
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Pour lui, cette visite s’inscrit dans une stratégie de communication visant à entretenir l’image d’un homme proche du peuple, en dépit de ses nouvelles responsabilités à la tête du gouvernement. « Gouverner, c’est rompre avec le théâtre de l’opposition permanente », écrit-il. Une critique claire à l’endroit de ce qu’il considère comme un double jeu politique du Premier ministre, qu’il accuse de maintenir un discours contestataire tout en exerçant le pouvoir exécutif.
Une critique constante du Pastef
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Ce n’est pas la première fois que Hamidou Anne s’exprime de manière tranchée sur le Pastef et son leader. Depuis plusieurs années, il alerte sur les dérives possibles d’un mouvement qui, selon lui, repose en partie sur une rhétorique populiste et émotionnelle. Il reproche notamment au parti de manquer de maturité institutionnelle et de céder à une logique de confrontation permanente, même après son arrivée au pouvoir. Dans ses interventions médiatiques et tribunes écrites, Hamidou Anne appelle à une culture politique plus responsable, reposant sur le respect des institutions, la rigueur dans la gouvernance et une rupture nette avec la politique-spectacle. Selon lui, la popularité ne peut pas remplacer la compétence, et le discours de rupture doit être suivi d’actes concrets, notamment en matière de justice, de liberté d’expression et de bonne gouvernance.
Un intellectuel engagé, mais indépendant
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Sans être affilié à une formation politique, Hamidou Anne occupe une position d’observateur attentif de la vie publique sénégalaise. Ses critiques ne visent pas uniquement le pouvoir actuel. Par le passé, il s’est aussi montré sévère à l’égard des anciens régimes, dénonçant ce qu’il appelait la « confiscation de l’intelligence » par les élites politiques. Aujourd’hui, son regard sur le Pastef et Ousmane Sonko se veut à la fois critique et exigeant. Il reconnaît les attentes fortes suscitées par l’alternance, mais refuse toute complaisance. Pour lui, la responsabilité du pouvoir oblige à dépasser les symboles pour répondre aux urgences sociales et politiques. Dans un contexte où les rapports entre institutions, médias et citoyens sont sous tension, la voix d’Hamidou Anne, bien que minoritaire, continue d’éclairer le débat public, en insistant sur la nécessité d’une gouvernance apaisée, rigoureuse et tournée vers l’intérêt général.
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En réagissant à la visite d’Ousmane Sonko à Rebeuss, Hamidou Anne confirme son rôle de vigie intellectuelle dans un paysage politique souvent polarisé. Sa critique, articulée autour de la cohérence entre parole et action, renvoie à une interrogation plus large : que reste-t-il du discours de rupture une fois confronté aux réalités du pouvoir ? Dans un Sénégal en quête de repères politiques clairs, des voix comme la sienne rappellent l’importance d’un débat fondé sur les principes, loin des passions partisanes.