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Il a décroché son BAC en écrivant avec ses orteils

Premier de son centre, Pape Natango Mbaye, 19 ans, élève en situation de handicap, a décroché son baccalauréat, Série S2, avec la mention « Bien ». Il a écrit toutes ses épreuves avec ses orteils.
Pape-Natango-1
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Pape Natango Mbaye  a inscrit son nom dans l’histoire du baccalauréat sénégalais par une résilience lumineuse, forgée dans la douleur. Privé de bras, Natango Mbaye a décroché son Bac en série S2 avec mention "Bien", en écrivant du bout des orteils. Mbaye est l'un des symboles que les handicaps ne brident ni les rêves ni les ambitions, pour peu qu’on leur donne les moyens d’éclore. L’élève du lycée mixte de Ngane Alassane à Kaolack n’a pas seulement obtenu son premier diplôme universitaire avec la mention «Bien» en série S2.

La malformation, la mort de son jumeau

Il a décroché son BAC en écrivant avec ses orteils

L'OBS relate l'histoire incroyable de Natango Mbaye né sans l’usage de ses deux bras. C’est avec son pied droit, devenu prolongement de sa volonté, qu’il a tracé chaque mot, chaque formule, chaque raisonnement. Dans la salle d’examen, aucun confort, aucun traitement particulier. Rien qu’une force intérieure inébranlable. Et au terme de cette compétition silencieuse, il s’est hissé au sommet de son centre d’examen, décrochant la première place. Derrière cette grande réussite au bac qui, à la fois, émeut et enthousiasme, tout un pays, se cache une histoire cousue de douleur, de résilience et de longs silences.

"Pape est un jumeau"

"Il est né avec ce handicap, mais n’a jamais connu son frère, décédé peu après la naissance », confie à L'OBS, Aïda Gueye, sa mère. La malformation de ses bras a été détectée à l’âge de trois mois. Dès lors commence une odyssée médicale, des hôpitaux de Kaolack à ceux de Dakar, en passant par les dispensaires reculés et les huttes de tradipraticiens. Une quête d’espoir sans issue. «Nous avons tout essayé. Mais rien n’y a fait», souffle-t-elle. A force de patience et d’endurance, Pape a redessiné les contours de son destin. Chaque jour, il s’exerçait à écrire avec ses pieds, perfectionnant un geste que beaucoup n’auraient jamais imaginé. Loin de céder à la fatalité, il a transformé sa singularité en levier. Une faiblesse apparente devenue force souveraine. Môme, il montre déjà une volonté farouche.

Deux écoles élémentaires l'avaient rejeté

«Des responsables de deux écoles élémentaires de la commune de la ville de Kaolack n’ont pas voulu prendre mon fils dans leurs établissements, sous prétexte qu’ils ne peuvent pas accepter parmi leurs élèves un enfant qui n’a pas de main pour écrire», se souvient Aïda Gueye. Mais la lumière jaillit d’un nom : Louise Thiam Cissé. «C’est grâce à une enseignante du nom de Louise Thiam Cissé que Pape Natango Mbaye a pu intégrer l’école élémentaire de Gawane de Kaolack. Aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à cette dernière à qui je rends un vibrant hommage que nous vivons ces moments de bonheur après tant d’années et d’efforts consentis dans ses études», déclare-t-elle.

Il a décroché son BAC en écrivant avec ses orteils

Au début, il ne parvient pas à tracer les lettres. Il commence par les chiffres. Puis peu à peu, le stylo devient prolongement de l’orteil, le cahier un champ de bataille conquis. Un destin qui bascule aussi grâce à une autre rencontre. « C’est grâce à docteur Mamadou Maguette Dieng, un médecin généraliste, que mon état de santé s’est beaucoup amélioré. Car c’est avec les soins qu’il me prodiguait gratuitement à son domicile que cette grande sueur qui s’échappait tout le temps de mon corps a considérablement diminué. En plus, je ne tremblais plus comme auparavant et l’équilibre de mon corps est devenu encore plus stable», explique Pape Natango. «C’est grâce à un de ses camarades de classe qui lui a proprement lavé les pieds, le dernier jour de l’examen, que le candidat, venu en retard, a pu faire les épreuves d’anglais», révèle Djibril Niang, censeur du lycée.

Il a décroché son BAC en écrivant avec ses orteils

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C’est ainsi qu’il a obtenu au baccalauréat une moyenne de 16,48. Sinon auparavant, en classe de Seconde S, il a eu une moyenne de 17/20. Avant d’être orienté en classe de Première S1 où il a obtenu une moyenne semestrielle de plus de 15/20», souligne-t-il. Aujourd’hui, Pape Natango Mbaye est plus qu’un symbole : il est un flambeau de l’espoir, une preuve vivante que la résilience peut tracer son chemin, même du bout des orteils.

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