L’affaire a été jugée mardi dernier par le Tribunal de grande instance de Mbour, mais ses origines remontent à un conflit installé depuis plusieurs mois. À Santhie 2, un quartier de Joal, Mamadou Marone, pêcheur de profession, faisait face à un locataire récalcitrant ; Yamou Sarr Ndiaye, commerçant, lui devait neuf mois de loyer impayé. Face à cette situation, Marone décide d’intervenir lui-même. Une discussion éclate en juin devant le chef de quartier. Ce qui devait être un échange devient vite houleux. Le ton monte, des accusations graves sont proférées. Selon le procès-verbal d’audience, le bailleur accuse son locataire d’homosexualité un acte souvent instrumentalisé au Sénégal pour discréditer ou humilier. Puis il le frappe violemment avec une barre de fer, ce que l’accusé conteste partiellement.
Bagarre entre ivrognes
Tentant de se protéger, Yamou se réfugie chez l’autorité du quartier. Mais loin de calmer les tensions, la bagarre continue dans ce lieu censé incarner le recours social et la médiation. À l’issue de la confrontation, Yamou Sarr Ndiaye ressort avec une fracture au bras droit, certifiée par un médecin, avec 30 jours d’Incapacité Temporaire de Travail (ITT). Marone, lui aussi blessé, s’en sort avec 10 jours d’ITT. Les deux hommes, qui se rendent ensuite à la gendarmerie de Joal, portent plainte l’un contre l’autre pour coups et blessures volontaires. Arrêtés, ils sont placés en détention provisoire jusqu’au jugement.
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Lors de l’audience à Mbour, les deux parties ont tenté d’expliquer leur comportement. Marone reconnaît l’escalade verbale liée au loyer mais nie avoir fracturé le bras de son adversaire. Yamou, de son côté, se présente comme la victime d’une agression brutale motivée par une dette mais surtout alimentée par une stigmatisation personnelle. Fait notable ; chacun des prévenus a demandé un franc symbolique, exprimant une volonté d’apaisement moral plutôt que de réparation financière. Le procureur, estimant que les faits restent graves, requiert l’application stricte de la loi. Le tribunal suit en partie ce réquisitoire, en prononçant les peines suivantes : 1 mois de prison ferme pour Mamadou Marone ; 2 mois de prison ferme pour Yamou Sarr Ndiaye.