Mahmadane Sarr, patron de Lansar Auto, est dans de sales draps. Aurait-il des liens d'affaires avec Amadou Sall, fils de l'ex-président Macky Sall ? En tout cas, selon L’OBS, son entreprise est clairement mentionnée dans le référé de la Cour des comptes transmis au ministre de la Justice, en vue d'une éventuelle ouverture de poursuites pénales. Noir sur blanc, son nom apparaît dans ce document aux allures de déflagration, au cœur du scandale présupposé des Certificats nominatifs d'obligation (Cno) attribués à des personnes morales et des tiers, rapporte le journal.
Ces titres, plongés dans un flou comptable et laissés sans réel suivi par les services du ministère des Finances et du Budget sous l'ancien régime, illustrent une époque où l'opacité semblait la norme. D'après les magistrats financiers, ni l'exhaustivité ni l'ampleur exacte des dettes contractées par l'État n'ont pu être établies avec exactitude. Pourtant, ces montants colossaux, se chiffrant en milliards de francs Cfa, ont bel et bien été réglés. Une pratique qui sape les fondements d'une gestion rigoureuse et transparente des finances publiques, et pour laquelle la Cour des comptes a demandé l'ouverture d'enquêtes approfondies.
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Lansar Auto aurait sur 16,57 milliards FCfa 5 jours après l’élection de Diomaye
Parmi ces Certificats nominatifs d'obligation, quatre sont au nom de Lansar Auto. Première zone d'ombre : ils ont été émis le 29 mars 2024, soit cinq jours après le scrutin présidentiel, à un moment où l'administration, principalement limitée à la gestion des affaires courantes, se préparait à passer le relais au président élu, Bassirou Diomaye Faye. Mais ce qui soulève les plus vives interrogations, c'est le montant global de ces titres : 16,57 milliards de francs Cfa, virés au bénéfice de Lansar Auto. Un chiffre qui dépasse largement les 13 610 088 725 francs Cfa mentionnés dans le rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), transmis au Pool judiciaire financier.
Ce rapport avait d'ailleurs motivé un communiqué du PJF informant l'opinion publique que «le Parquet financier a requis l'ouverture d'une information judiciaire sous les chefs d'inculpations d'association de malfaiteurs, de faux et usage de faux en écritures publiques, de faux et usage de faux en écritures de commerce ou de banque, d'escroquerie et de détournement portant sur des deniers publics, de blanchiment de capitaux.»
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Des justifs douteux
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Pour justifier le paiement de ces 16,57 milliards, il a simplement été indiqué qu’il s’agissait du règlement de factures liées à la location de véhicules pour les services de l’État, à l’occasion d’événements organisés à travers le pays, durant lesquels la présence des autorités était requise. Aucune précision n’est apportée. Plus étonnant encore, les documents justificatifs mentionnent que ces véhicules étaient également destinés au transport d’hôtes de l’État en mission au Sénégal pour les exercices budgétaires 2020, 2021, 2022 et 2023, pour une durée maximale de 12 mois. Pis encore, une partie de la créance, révèlent les magistrats, découle d'un contrat signé en date du 2 janvier 2023 pour le Directeur de l'administration et du personnel de la Direction du budget et réglé plus d’un an après, en mars 2024. Une signature qui, d’ailleurs, interroge.