Après une nuit passée en garde à vue au commissariat du Port à Dakar, l’ancien coordonnateur du Programme des Domaines agricoles communautaires (Prodac), Pape Malick Ndour, a été présenté, hier, au Doyen des juges d’instruction du Pool judiciaire financier (Pjf). À l’issue de son audition par le magistrat instructeur Idrissa Diarra, l’ancien ministre, inculpé pour association de malfaiteurs, escroquerie sur des deniers publics et blanchiment de capitaux, a obtenu une liberté provisoire assortie d’un bracelet électronique. Le Doyen des juges a ainsi écarté le réquisitoire du Procureur, lequel avait sollicité le mandat de dépôt.
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"Je suis déçu"
Au cours de son audition, relate L'OBS, le coordonnateur de la Convergence des cadres républicains (Ccr), assisté de ses avocats, a présenté des arguments solides pour contester les accusations, tandis que le magistrat lui notifiait les infractions retenues à son encontre. L’ancien ministre a vigoureusement réfuté les accusations, notamment celle d’association de malfaiteurs. «Je suis choqué, ébahi et déçu. Je ne peux être en complicité avec des personnes avec lesquelles je n’ai jamais collaboré. J’étais au ministère des Finances lorsque Mamina Daffé était à la tête du Prodac. Comment pourrais-je être complice de quelqu’un que j’ai remplacé», aurait déclaré Pape Malick Ndour au Juge.
"Je ne connais Ibrahima Cissé «ni d’Adam ni d’Ève"
Dans sa ligne de défense, Pape Malick Ndour, toujours selon des sources proches du dossier, a invité le Juge à lui présenter ne serait-ce qu’un seul acte de cogestion avec Mamina Daffé, affirmant n’avoir jamais connu Ibrahima Cissé «ni d’Adam ni d’Ève» et n’avoir rencontré Mamina qu’à l’occasion de la passation de service en juin 2019. S’agissant des retenues de garantie, estimées à un peu plus de 40 millions de FCfa et concernant le Domaine agricole communautaire de Séfa, l’ancien ministre a expliqué qu’à l’époque de leur constitution, il était encore au ministère des Finances et que la réception définitive des installations avait été effectuée avant son arrivée au Prodac.
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Quant à la lettre qu’il avait adressée au patron de Locafrique, Khadim Bâ, il a précisé qu’il s’agissait simplement d’une injonction visant à obtenir un point de situation sur le paiement. Pour ce qui est du Dac de Sangalkam, la défense a indiqué au Juge qu’une simple visite des lieux aurait suffi à constater que le matériel s’y trouvait bel et bien. Munis d’une imposante pile de documents, comprenant factures, procès-verbaux de réception de conteneurs et documents douaniers, les avocats de Pape Malick Ndour auraient vivement contesté la mesure du bracelet électronique. «Etre accusé d’un détournement de plus de deux milliards de FCfa et être libéré sans avoir consigné la moindre somme signifie que l’accusation manque de sérieux.
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Factures, Procès-verbaux de réception de conteneurs présentés au Juge
Mamina Daffé était son prédécesseur ; comment peut-on constituer une association de malfaiteurs dans ces conditions ?», s’est insurgé Me El Hadji Diouf. L’avocat a dénoncé le placement sous bracelet électronique, qu’il juge «dénué de sens» : «On ne peut reprocher à quelqu’un un détournement de deux milliards et le confiner ainsi. Les contestations sont fondées, il n’y avait aucune justification pour cette mesure. C’est simplement pour donner un semblant de crédit à une accusation fallacieuse. Il n’y a rien de solide.» Les conseils de Pape Malick Ndour ont également fustigé ce qu’ils qualifient de «rapport caché», soulignant que l’expert-comptable n’a jamais recueilli la version de leur client et qu’une simple visite à Sangalkam aurait suffi pour constater l’usage réel des fonds.
Un autre face-à-face avec le Juge lundi
Libéré après son audition, Pape Malick Ndour doit se présenter au Pool judiciaire financier (Pjf) le lundi 10 novembre pour la pose effective du bracelet électronique, mesure qui n’a pas été exécutée immédiatement. Lors de cette audience, les avocats de l’ancien ministre entendent discuter avec le Juge des modalités précises de cette restriction.


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