Du neuf dans le scandale relatif à l’assiette foncière du site du tribunal de Pikine-Guédiawaye (8000 ha) qui est à l’origine de la traduction de l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, devant la Haute cour de justice. Deux de ses accusateurs, à savoir l’entrepreneur Cheikh Guèye et l’ex-directeur des Constructions du ministère, Mohamed Anas El Bachir Wane, ont été déférés jeudi dernier devant le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye par la Division des investigations criminelles (Dic). Après un retour de parquet, leur face-à-face avec le ministère public est prévu ce lundi matin, rapporte L'OBS.
Que reproche-t-on à l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall. Tout est parti d’une histoire de promesse de 250 millions FCfa et de remise de 50 millions FCfa, quand les nouveaux locaux du Tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye ont été délocalisés sur la VDN. L'ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a signé avec Cheikh Guèye un protocole dans lequel, ce dernier devait construire le Centre de Surveillance Electronique sur 2 075 m2 de l'assiette foncière précitée. Le montant prévisionnel des travaux était estimé à 576 millions FCfa, en contrepartie d'un paiement en dation sur 9 598 m2 de ladite assiette foncière, selon des éléments de l’enquête.
)
La répartition de l'assiette du Tribunal devait se faire comme suit : 8327 m2 pour le Palais de Justice, 2075 m2 pour le Centre de Contrôle Electronique et 9 598 m2 pour le promoteur Cheikh Guèye. Mais, le 16 mai 2023, le protocole précité, présenté à la Commission de Contrôle des Opérations Domaniales (CCOD) pour avis, a été retiré pour complément d'informations sur sa mise en œuvre. Malgré cette décision, des baux ont été attribués au promoteur et à d'autres personnes non identifiées sur le lotissement constitué de trente-six (36) parcelles établies sur une partie de l'assiette foncière du Tribunal.
Mais l’accord est brusquement rompu par le ministre, sans qu’aucune infrastructure ne voit le jour. C’est là que l’affaire prend une tournure pénale. Cheikh Guèye accuse l’ex-ministre d’avoir exigé un pot-de-vin de 250 millions de francs CFA en échange de la signature du protocole. Il affirme avoir déjà remis 50 millions en liquide dans le bureau même de Ismaïla Madior Fall, en présence de Mohamed Anas El Bachir Wane. Toujours selon l’entrepreneur, le refus de verser les 200 millions restants a entraîné la rupture du partenariat. Ce que Wane confirme aux enquêteurs de la Dic, allant jusqu’à dire que l’ancien ministre avait restitué les 50 millions initiaux après le refus de Guèye de s’exécuter pour le reliquat.
)
Interrogé sur ces allégations, Ismaïla Madior Fall s’était défendu en amont dans une interview télévisée sur le plateau de la 7TV. Il reconnaissait que l’entrepreneur lui avait proposé de l’argent, mais soutenait l’avoir refusé, affirmant qu’il s’agissait d’un «geste gracieux» de la part de Cheikh Guèye. «J’ai renvoyé l’argent», avait-il insisté à l’antenne. L’entrepreneur, tout comme l’ancien directeur des Constructions, se retrouve désormais face à la justice dans un dossier à forts relents politico-judiciaires.