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Darfour-Nord : Six civils périssent dans une nouvelle attaque à El-Facher

Au moins six civils ont été tués lors d’une attaque contre El-Fasher, selon une source médicale local. Assiégée depuis plus de 17 mois, la capitale du Darfour-Nord est au cœur d’une crise humanitaire alarmante, marquée par la menace de famine et des violations répétées du droit international.

Depuis mai 2024, El-Fasher est assiégée par les Forces de soutien rapide (RSF) autour des zones encore tenues par l’armée soudanaise, introduisant une pression militaire continue sur la population civile. Selon des sources onusiennes, la ville est devenue « l’épicentre de la souffrance des enfants », avec près de 40 % des enfants de moins de cinq ans atteints de malnutrition aiguë ou sévère. Le siège impose d’importantes ruptures d’approvisionnement, alors que les RSF imposent des barrages et contrôlent l’accès extérieur à la ville. Cette situation de siège est dénoncée comme une tactique visant à affaiblir les habitants, parfois qualifiée « d’utilisation de la famine comme arme ». Un rapport de mission des Nations unies accuse les RSF d’avoir commis « crimes contre l’humanité » dans la région, notamment en multipliant les exactions tueries, violences sexuelles, pillages depuis le déclenchement du conflit en 2023. Mercredi, selon une source médicale anonyme citée par l’AFP, l’attaque attribuée aux RSF a causé la mort d’au moins six civils et blessé dix autres à El-Fasher.

Darfour-Nord : Six civils périssent dans une nouvelle attaque à El-Facher

Des témoignages recueillis par le Sudan Tribune précisent que les bombardements ont visé un abri de déplacés, l’école « Abu Bakr Al-Siddiq », lors du petit-déjeuner, alors que des milliers de personnes s’y trouvaient. Trois obus explosifs auraient frappé la cantine et les lieux d’habitation du refuge. La Coordination des comités de résistance d’El-Fasher a confirmé, dans une déclaration, le décès d’au moins six personnes et une vingtaine de blessés. Cette attaque s’inscrit dans la continuité d’une campagne de bombardements menée par les RSF, selon les observateurs. Plusieurs vidéos publiées par les RSF montrent leur présence aux abords des infrastructures clés de la ville y compris à l’aéroport dans une manœuvre visant à encercler les forces militaires du gouvernement. L’offensive de cette semaine ne constitue pas un incident isolé. Des images satellites analysées par le Humanitarian Research Lab de l’Université Yale montrent qu’entre le 26 et le 29 septembre, 43 nouveaux drones et 20 lanceurs ont été déployés dans l’aéroport de Nyala (Darfour-Sud) possible préparation d’une attaque aérienne ou logistique à venir. Par ailleurs, en septembre, un raid drone attribué aux RSF a frappé une mosquée d’El-Fasher, faisant plus de 70 morts selon les autorités locales et les ONG. L’ONU et plusieurs organisations de droits humains dénoncent depuis plusieurs mois les exactions répétées dans le Darfour, tant par les RSF que par les forces armées du gouvernement, dans ce conflit où les civils se retrouvent constamment pris pour cible.

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Darfour-Nord : Six civils périssent dans une nouvelle attaque à El-Facher
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Le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (OHCHR) rapporte que des villages autour d’El-Fasher ont été attaqués, incendiés et pillés, et que des civils ont été tués ou détenus arbitrairement. L’attaque meurtrière survient dans un contexte humanitaire catastrophique. El-Fasher, dernier bastion de l’armée dans la région, compte quelque 260 000 résidents, dont des milliers de personnes déplacées. Les restrictions imposées aux convois humanitaires compliquent l’acheminement de nourriture, de médicaments et de carburant. L’Organisation des Nations unies, via la coordinatrice humanitaire pour le Soudan Denise Brown, dénonce des rapports faisant état d’exécutions illégales, d’enlèvements et de détentions arbitraires dans la ville et ses abords. Selon le ReliefWeb, dans des attaques documentées entre le 16 et le 20 août, au moins 32 civils ont été tués dans les quartiers d’Él-Fasher et les camps d’Abu Shouk. En outre, depuis le début du siège, la ville a déjà enregistré des centaines à des milliers de décès civils, selon divers bilans : plus de 700 personnes tuées depuis mai 2024 dans le cadre du siège, selon un rapport de l’ONU ; plus de 300 civils tués dans le nord du Darfour lors des combats autour d’El-Fasher et des camps de déplacés, selon l’ONU. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 2736 en juin 2024, demandant aux RSF de mettre fin au siège d’El-Fasher et de garantir l’accès humanitaire et la protection des civils.

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Les analystes soulignent que la chute d’El-Fasher serait un tournant stratégique dans le conflit, permettant aux RSF de contrôler une large partie du Darfour. Mais une telle victoire serait acquise au prix d’un sacrifice humain monumental. La mort récente de six civils dans une attaque attribuée aux RSF à El-Fasher n’est pas un fait isolé , elle s’inscrit dans un continuum de violences, de siège et de crises humanitaires. Alors que la communauté internationale reste souvent en retrait, le sort des populations de Darfour se joue chaque jour dans la poussière des obus et l’urgence de la survie.

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